Epurations, par Philippe Torréton

Je ne résiste pas à partager cet article de Philippe Torréton qui commente avec une belle sagacité la glissade du petit candidat  sur une tranche de jambon.

« Un petit déplacement dans le sud ouest de la France tout en bas à gauche sur la carte géographique, au pays basque, à Bayonne, et patatras notre Président s’effondre comme ces caïds qui s’écroulent lorsque le vent tourne et que la garde rapprochée n’est plus si proche.

Le maire de Bayonne avait déconseillé au Président ce déplacement, il connaît son pays, ici ça chauffe facilement, ce n’est pas Paris où tout le monde dîne avec tout le monde, où tout le monde reçoit tout le monde, où tout le monde tutoie tout le monde, ici on s’en fout, on n’espère pas une direction de théâtre, une émission à la rentrée, une sortie de placard audiovisuel, la direction du service politique de TF1, la présidence de Veolia, le départ d’Anne Lauvergeon d’AREVA, l’interview exclusive de Carla Bruni, la mairie du 7e arrondissement de Paris. Ici on attend rien pour soi mais on espère beaucoup pour tout le monde.

Ici on est basque, d’abord, et on est loin, et ici, que l’on soit content ou pas content on le dit de la même façon, c’est à dire debout ensemble et dans les rues. Parce qu’ici, le maire donne les clefs de la ville pour que vive la fête pendant plusieurs jours. Pour faire court ici ce n’est pas le plateau du journal de vingt heure de TF1 ni celui de France2 ni une interview en terrasse avec David Pujadas ni un tête à tête avec Yves Calvi et Jean Pierre Pernaut; ici, on ne sélectionne pas les gens qui vont vous entourer pendant vos fausses conversations avec le monsieur ou la madame « Francequiselèvetôt », ici on ne choisit les gens en fonction de leur tailles pour ne pas montrer que le Président n’est pas bien grand, ici on ne vire pas un Préfet de la République parce qu’il a osé laissé libre des gens en colères criant leur rage sur le cortège présidentiel, ici on ne mobilise pas d’office et sans demander la permission aux parents les enfants des écoles afin de brandir des drapeaux lorsqu’on leur en donnera l’ordre devant le Président en visite, ici on ne fait pas un assemblage d’ouvriers pour créer une petite foule compacte autour du Président car le personnel de l’usine en question ne voulait pas être instrumentalisé, ici on tient pas à l’écart le personnel d’un hôpital en colère par une double rangée de CRS, ici on ne recrute pas des figurants pour faire nombre sur un chantier, ici c’est la France non épurée Monsieur le Président. A Bayonne c’est la France libre de votre service de communication.

Vous n’êtes pas tombé dans un guet-apens Monsieur le Président, vous vous êtes heurté à la France qui souffre et qui a l’outrecuidance de vous le faire savoir.

On ne peut pas pendant au moins cinq ans prendre des airs d’évidences, jouer des épaules pour affirmer un volontarisme sans prudence, ridiculiser les propos et les idées de vos adversaires, tout réduire en « pour ou contre », « noir ou blanc », « bien ou mal », « victime ou agresseur » et afficher un tel bilan après, on ne peut pas Monsieur le Président se poser en sauveur en permanence et ne sauver personne ou si peu, les Français ne veulent pas de coups de téléphone dans l’urgence à Lakshmi Mittal, d’un autre de Xavier Bertrand à ce PDG pour lui dire que ce qu’il fait n’est pas bien, de marchandages avec les copains plein aux as pour mettre de l’argent dans tel ou tel usine en difficultés, les français n’ont pas besoin de Zorro-bricolo, mais de lois protectrice du travail et de la dignité du travailleurs, les français ne veulent pas de cette politique du coup par coup en fonction des sondages et des échéances législatives, les français n’ont pas besoin d’un « parrain » mais d’un Président monsieur le Président.

Je crains que d’autres villes ne soient tentées de vous le faire savoir et d’ailleurs je lance un appel pour créer une sorte d’Intervilles politique qui consistera à ce que cette France non épurée malgré ces cinq années de sarkozysme, s’exprime comme elle le souhaite sur le passage du Président Candidat.

Pour l’instant Bayonne a frappé un grand coup, qui relèvera le défi ? »

texte © Philippe Torréton. Son blog ici / Dessin © dominique cozette

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