« Précision historique : les premiers restes de ventres plats ont été découverts en Egypte et remontent à environ quatre mille ans. Le ventre plat est une conséquence directe de l’usage du profil dans les représentations picturales égyptiennes. Archéologiquement parlant, un hiéroglyphe à gros ventre signifiait la femme enceinte, et un hiéroglyphe à ventre plat la femme célibataire, en attente de partenaire. Le ventre plat au fil des temps est devenu une sorte de convention de langage, de sorte qu’aujourd’hui tout le monde comprend bien que les femmes qui cherchent à avoir un ventre plat nous signifient qu’elles sont ouvertes comme des huîtres à toute proposition. »
« Parenthèse : ce que c’est que la « psychologie féminine » ? A priori une invention des hommes pour ne pas dire la « connerie des femmes ». Il n’y a rien à chercher dans cet abîme, si ce n’est que la « psychologie féminine » est devenue une croyance répandue et vendeuse. La femme a des nichons alors elle est tenace. Elle n’a pas de pénis donc aucun sens de l’orientation. Elle peut avoir des enfants ce qui la rend angoissée, lunatique et frigide.
L’invention de la « psychologie féminine » semble légitimer des comportements catastrophiques et souvent obscènes, comme l’hystérie ou la désinvolture.
Emma, pas exemple, est une éponge poreuse. Elle ingurgite ce qu’elle entend, puis elle se souvient qu’en tant que femme elle est un peu tête en l’air. Alors elle se force inconsciemment à oublier tout ce qu’elle vient d’apprendre. Ce qui la ramène perpétuellement à son degré zéro et la maintient dans cet état d’aliénation affligeant qui lui permet d’être un bon coup, une fille pas trop chiante. Fin de la parenthèse. »
François Beaune. Un homme louche (Verticales 2009)
La rédaction du magazine britannique Artreview, « assistée d »experts » aux noms gardés secrets, vient de classer les 100 personnes plus influentes de la scène artistique internationale actuelle. Parmi elles, six Français : les collectionneurs François Pinault (n°6) et bernard Arnauld (49), le diercteur du Centre Pompidou Alfred Pacquement (18), le galeriste Emmanuel Perrotin (64), le critique d’art Nicolas Bourriaud (68) et la sculptrice Louise Bourgeois (75).
…
A quand un lieu d’exposition, dans la capitale, subventionnée par l’Etat ou par la ville, et prêté aux artistes ? Pourquoi le Grand palais ou l’Espace 104, entretenus à l’aide de nos impôts, ne remplissent-ils pas cette mission ? L’essentiel des lieux parisiens (soir 575 000 m2) sont depuis 2008 aux mains de VIParis, soit Unibail-Rodamco, une foncière immobilière membre du CAC 40, ayant passé un accord avec la Chambre de Commerce et d’Industrie. Le Salon d’art actuel MACParis vient de lui louer l’Espace Champerret (500 m2 , 5 jours durant) « entièrement aménagé » pour … 205 000 euros. L’artiste souhaitant une prise électrique sur son stand devait débourser 75 euros supplémentaires, entre autres.*
« J’ai joué du clairon dans la phalange enfantine des sapeurs pompiers de Reims et de la trompette, dite d’harmonie. Je ne sais pas à quoi c’est dû, mais je faisais partie de ces gens qui pensent que ce n’est vraiment pas pour eux, les choses artistiques. Mes parents espéraient pour moi un boulot à la poste. Une bonne place et en plus, on a les vêtements, on n’use pas trop ses vêtements personnels. Plus tard, ils ont été très inquiets, ils ne comprenaient pas trop ce que je faisais, je travaillais vaguement dans des journaux où on écrivait « ta gueule ! » à la une. Ça ne pouvait pas bien être intelligent tout ça. Moi, je suis venu un peu par hasard à l’écriture, à l’inverse des gens qui écrivaient déjà des poèmes dans les marges de leurs cahiers. Le contraire des gens comme mon fils. Nous, les gens de 45 ans* d’un certain milieu, on a l’impression qu’on a tous les mêmes gosses, des gosses pas cons mais qui ne foutent rien, qui dessinent ou qui grattent un peu la guitare, qui ne savent pas ce qu’ils vont faire. Ce qui est certain, c’est qu’ils ne vont pas aller à l’usine ou à la poste. C’est seulement dans les sphères artistiques qu’ils cherchent. Ils ne voient pas ce qu’ils pourraient faire d’autre que d’écrire des livres ou d’enregistrer des disques. Pour moi, c’était tout à fait le contraire. Tout ça n’était pas pour nous. »
Il avait tellement envie d’être dehors, de voir ce qui se passait, quels étaient tous ces sons, toutes ces lueurs, d’où provenaient ces goûts somptueux qui lui parvenaient dans le tube à manger, qu’il entreprit sa descente vers le bout du tunnel. Mais qui vit-il au bout du tunnel ? La face hostile du dieu-médecin qui tonna :
– Que fais-tu là, têtard, si tôt ? Qu’est-ce que tu crois ? Que tu vas survivre avec tes pauvres petits organes minables ?
Le têtard tordit son nez comme s’il allait pleurer.
– Bon, écoute, tu choisis : ou tu sors maintenant et tu te retrouves dans une boîte en plastique, tout seul, tuyauté de partout, le nez, la gorge, les bras, le nombril et une inquiétante machinerie autour de toi. Ou tu remontes, tu grandis encore et tu nous reviens dans trois mois.
Le têtard souleva un sourcil d’étonnement.
– Parce que dans trois mois, la plus merveilleuse femme au monde te cueillera dans ses bras, t’offrira ses seins juteux, t’embrassera les joues et les fesses. Elle sera tout à toi, rien qu’à toi, te chantera des romances, te montrera partout avec une immense et tendre fierté : tu seras son roi.
Il n’y avait, effectivement, pas à balancer. Le têtard prit ses jambes à son cou pour gravir le col de l’utérus et se réinstalla confortablement dans son nid douillet. C’est vrai qu’il était bien là, royal au bar, tout compris. Et puis, c’était bien de se faire désirer, non ?
Incroyable ! la pub s’immisce dans les rêves, maintenant ! Car, mes chères amies, George Cloonet himself, cette nuit, m’ a proposé un café (je tairai la marque, il n’y avait d’ailleurs pas de logo, ni de dosette). Le temps qu’il tende le bras vers moi avec sa tasse dans la main, mon cerveau véloce chercha quelque chose de très fin, de très spirituel à lui dire, quelque chose qui me singularise, plutôt que la plaisanterie éculée qui consisterait à lui dire « c’est horrible, j’aimerais bien vous dire autre chose que la plaisanterie éculée que toutes les femmes doivent vous dire dans cette circonstance ». Or, je ne sais absolument pas comment on dit éculée en anglais et je trouve que « old joke » ne fait pas littéraire. C’est là que le rêve se dilue, je m’éveille sans même une odeur de café puisque nous sommes thé du matin, et une question s’impose immédiatement : mais pourquoi avoir construit autant de bâtiments à cet endroit de Port-au-Prince alors que, selon la théorie tectonique des plaques connue depuis longtemps, les risques étaient bien réels ? J’ai imaginé le cauchemar de ces milliers de victimes, sans sommeil, sans lit, sans rêves, sans café, sans rien. J’ai préféré ne pas me rendormir.
Le marketing-man qui a inventé le déo est très fort car il s’agit de supprimer l’animalité de l’homme, alias son parfum de fauve paré de vertus aphrodisiaques censées attirer la femelle dans le but de copuler. Rappelons que dans toute espèce animale, le coït a été créé pour la reproduction de l’espèce.
Sauf que l’homme, qui n’est absolument pas, mais alors pas du tout conditionné par son animalité, n’a pas besoin de cela pour tomber ses partenaires. Cela pue, n’est-ce pas, cela sent le bûcheron négligé, et il est inenvisageable qu’un homme civilisé, un citadin, un bourgeois, sente comme le bûcheron négligé. On décide donc que ça pue. Pouah, que ça pue !!! Alors que faire pour ça ne pue plus ? Mettre une autre odeur, mais alors là, pas n’importe quelle odeur, un truc étudié en laboratoire, testé sur des souris blondes qui tombent comme des mouches blondes dès que l’on pschittte de l’Axe à proximité. Si ça marche sur les souris blondes, ça marche donc chez les femmes. En résumé, on supprime une odeur efficace et gratuite pour la remplacer par un spray douteux et payant (et pas très bon pour le trou du ciel).
C’est exactement comme si on décidait que les vrais seins (gratuits), c’est moche. Ouh que c’est moche, les vrais seins ! et qu’il est urgent de les remplacer par des seins synthétiques (très chers) pour être plus séduisante ! Vous imaginez ? Ça serait ridicule, non ?
Voir l’effet Axe (Lynks en anglais) en video ici
Oui, ce titre est putassier mais c’est pour attirer votre attention sur un livre assez exceptionnel écrit en 06 et sorti et postfacé en France en 09, qui réinvente la vie de Valerie Solanas. Valerie Solanas ? Oui, cette féministe radicale qui tira sur Andy Warhol, le handicapant à vie, et qui est morte toute pourrie, bouffée par les asticots, dans une vieille piaule d’un hôtel social miteux de San Francisco.
Sara Stridsberg, l’auteure, est une belle brune suédoise comme toutes les suédoises. Son roman est fait de déconstructions, séquences, montage chahuté, mélange des styles, réinvention, à l’image de la confusion qui marqua la vie de Solanas. Le traducteur, Jean-Baptiste Coursaud, a fait un superbe boulot.
A vrai dire, cette Valerie Solanas n’a pas eu de pot. Son père l’a violée à partir de sept ans, il semble que son beau-père aussi. Elle a alors décidé de fuir à 15 ans et pour survivre, elle s’est prostituée. Puis droguée. Intello, elle a écrit une pièce provocante, « Up my ass », qu’elle n’a eu de cesse de vouloir faire monter par Warhol. Comme à son habitude, il a fait de Solanas son matériau artistique dans deux « films » pas très glorieux pour elle. Mais il n’a jamais donné suite pour la pièce. Il ne la lui a jamais rendue parce qu’il l’a perdue.
Valerie Solanas s’est fait connaître pour son essai « SCUM Manifesto » où elle prône l’éradication pure et simple des hommes. Sans succès. Douée pour les études scientifiques où elle est admise comme boursière, elle ne sera pas autorisée à créer une société de souris femelles pour illustrer sa théorie anti-mâles. Elle plaque la fac puis recommence ses errances, loqueuse, affamée, mendiant et insultant les passants, vendant pour un dollar son Manifeste ronéotypé, ou son cul, avec toujours son rouge à lèvres sur les dents. Je résume, c’est bien plus énorme que ça. Ça foisonne…
Sara Stridsbert « La faculté des rêves » chez Stock la cosmopolite 2009.
Bonus pour contrebalancer : J’aime pas les filles, par Florence Foresti. CLICK
« La tour où travaille l’oncle est entièrement composée de bureaux. Elle porte un joli nom : elle s’appelle Siamoise 1. Elle a une soeur juste à côté : Siamoise 2. Il y a une cantine surpeuplée dans un sous-sol. Les néons sont violents. Les cadres ont des sourires artificiels. … Les parkings des Siamoises sont surchargés. L’oncle découvre enfin une place vide. C’est un rectangle dans un sous-sol lugubre. Il l’adopte pendant quelques jours. On lui met des mots sur son pare-brise. Comme il croit que c’est de la publicité, il ne les lit pas. On insiste. le troisième mot est menaçant : »cessez ce petit jeu avec moi ou vous allez voir ! » Soudain, on braque des phares sur lui. Un homme sort d’une voiture. Il a visiblement guetté pendant des heures. Il est nerveux et inquiet. C’est un cadre anodin, un père de famille. On lui a pris son emplacement. Depuis une semaine, il dort très mal. Il ne fait plus l’amour. Le triangle de sa femme est devenu un rectangle angoissant. Le clitoris klaxonne. Les grandes lèvres clignotent. Il a peut-être un fusil dans son coffre. L’oncle présente beaucoup d’excuses. L’oncle a vraiment l’air sincère. l’oncle ignorait les lois siamoises. Cela ne se reproduira pas ! L’homme est rassuré mais déçu. Il rêvait de western d’entreprise, de poursuite en bagnole. Il aurait terrassé l’oncle, reconquis le rectangle, et fêté la victoire dans sa femme géométrique. »
Figurez-vous que ce bon vieux passé très passé rejaillit encore puisque Ace Records prépare une compil avec des chanteuses des années soixante. Yéyé donc. Malgré le caractère confidentiel de ma carrière discographique, j’aurai l’honneur d’en être avec ma grande création « les cheveux dans les yeux » qui raconte les mésaventures d’une jeune fille dans le vent causées par la mèche qu’on a tous eue un jour dans les yeux, au grand dam des grands-parents et des bien-pensants de tout poil. Le refrain, que j’avais longtemps porté en moi et écrit avec les tripes (comme j’aime à le formuler) disait et dit toujours (car les disques gravés restent, contrairement aux fichiers MP3)
« J’ai les cheveux dans les yeux han han dans les yeux
j’ai les cheveux dans les yeux han han dans les yeux ! »
A la réflexion, je me demande si Beigbeder ne m’aurait pas pompée avec sa pub « j’ai dit dans les yeux… ». Pour les seins, je sais que non, c’est plutôt Jane qui m’aurait piratée.
Tout ça pour vous informer qu’il existe un site des yéyé girls d’Europe qui s’appelle Ready Steady Girls, sur lequel on est toutes, au fur et à mesure de l’avancement des infos, et sur lequel on peut écouter nos complaintes. Très marrant. Suffit de cliquer here and there (c’est anglais).
* « I say yeh yeh » est une chanson de Georgie Fame (66) qui raconte son histoire d’amour avec sa baby lorsqu’ils se retrouvent chez lui à écouter des chansons, baisser la lumière et faire des choses que personne ne peut voir, si si, ils le font insiste-t-il, et lorsqu’elle lui demande si tout est OK, il répond : « je dis yeh yeh, c’est ce que je dis, je dis yeh yeh ». Ça passe moins bien en français.