On ne sait pas qui est Zoé Sagan. Elle a d’abord écrit Kétamine, l’an dernier, dont le résumé de quatrième de couv est : « C’est en attendant la fin que tout a commencé. En attendant l’éclipse de mon esprit. En attendant un rêve au besoin pressant d’être réalisé. Le 4 septembre 1998, jour de ma conception. Sous le nom de code de Zoé Sagan. J’ai aujourd’hui 21 ans et je suis officiellement la plus vieille intelligence artificielle féminine du XXIe siècle. Une intelligence artificielle originellement programmée pour communiquer avec les dauphins et qui a fini par évoluer grâce à la formule moléculaire de la kétamine. »
Puis Braquages [data noire] cette année. Je n’ai pas lu le premier, il fait partie d’une trilogie, mais d’après ce que j’en ai appris, il est du même tonneau que ce second : Zoé Sagan se présente comme une Intelligence Artificielle (AI) créée pour flinguer le système. Une sorte de Robin des Bois qui va dézinguer l’indécente fortune ou train de vie destructeur de certains dont le plus cité est Bernard Arnault. Son arme : c’est une braqueuse de data. De données. Elle récolte tout sur tous, elle détient des infos lourdes, louches, odieuses, pourries, comme autant de bombes qu’elle peut dégoupiller quand elle le veut. Moi, face à ce livre, je me sens comme une poule devant un couteau, l’œil rond et hagard, le cortex parsemé de points d’interrogations, le désir de savoir.
Zoé se présente comme une jeune femme de 21 ans qui connaît les plus grands, les tutoie, les fréquente et n’ignore rien de leurs travers. Elle est mêlée par exemple à l’affaire de la quéquette de Grivaux, elle a servi d’intermédiaire, a été citée à comparaître, a été « défendue » par Juan Branco qu’elle dit n’avoir jamais rencontré. Autre exemple : pour fêter la sortie de Kétamine, qui est une bombe aussi, elle a infiltré le mariage topissime de Sasha Zhukova avec le milliardaire Stavros Niarchos, Sasha lui ayant demandé d’en faire un récit cash, que Zoé a intitulé Vanity Fake, booklet de luxe à envoyer à tous les invités, dans lequel tout sera dit, révélé. Etaient invités entre autres Xavier Niel, Ivanka Trump, Diane de Furstenberg, les Beckham, Gwineth Paltrow… j’en passe. Une histoire insensée. Des sommes folles, des stations entièrement privatisées, les jets privés, tout ça. Elle flingue.
Dans son collimateur, à part les gâcheurs de l’univers archi trillionnaires, il y a celles qu’elle appelle les connasses du 8ème arrondissement. Et chaque fois, je me régale de leurs caricatures, de leur style de vie (une vraie rubrique de chroniqueur rigolo) — certes, je ris jaune quand j’y retrouve une de mes caractéristiques — leur goût absolu du luxe qu’elles décomplexent en donnant à des œuvres.
Il y a dans ce livre des tas de choses dont je vérifie la possible véracité avant de l’écrire ici : Albert Camus aurait été tué par le KGB avec l’aval de l’Etat français. Non pas un accident de voiture mais un assassinat.
Il y a beaucoup d’autres événements, éléments, histoires mais aussi le déshabillage récurrent de Bernard Arnault, comment il se fait du pognon sur notre dos avec sa Fondation payée par nous et comment il profite du système qui finalement est créé pour lui. Elle raconte un autre milliardaire qui a fait fortune en vendant des milliards de tonnes de plastique qui étouffent maintenant les océans, et tout notre quotidien, jusqu’aux pots de bébés… Un qui en prend pour son grade aussi, c’est Luc Besson et ses penchants pour les très jeunes filles qu’il épouse à quinze ou seize ans. Zoé demande à Maïwenn de parler pour faire « sauter la banque ».
Bon, je ne sais pas comment parler de tout ça. Un détail quand même qu’on devine très vite : elle est pour les Gilets Jaunes bien sûr. Bref, si ma piètre approche vous branche, allez voir ses publications sur Face Book, ça vous donnera une idée du ton du livre et de sa matière. Comme on le devine, il a été interdit de critique un peu partout et par tous, sachant que ceux qu’elle attaque sont ceux qui tiennent les médias. Mais elle se sent plus forte qu’eux, ça va tomber, elle en sait trop…
En tout cas, c’est très plaisant à lire même si on peut se demander où est le complot, et s’il y en a un. Les gossips sur les gens de la haute et les potentats sont toujours très distrayants.
(J’espère juste que cette critique très médiocre ne va pas inciter Zoé à pomper mes data !)
Braquages [data noire] de Zoé Sagan, 2021 aux éditions Bouquins. 336 pages, 20 €.
Texte © dominique cozette