On intrigue, on trame, on ourdit, on fait des pieds et des mains, voire plus. Puis on reçoit la prestigieuse invitation. On se pomponne, se bichonne, se ravale… Le soir S du jour J, on ruse pour rester le plus possible devant l’objectif du célèbrissime Henri Tullio de Paris-Match. Puis ça paraît. Las ! La photo est abominable avec, au choix ou ensemble, luisances, yeux fermés, de lapin, d’ivrogne, exorbités, poches, rides de décolleté, carnation rubiconde, air niais, attitude grotesque, geste saugrenu, dentition incertaine avec trous ou plombages apparents, triple mentonnade, bedonnite aigüe, exposition de bourrelets, désordre de vêtements et de chairs… le tout tellement minuscule qu’on n’a aucune chance d’être reconnu, coincé derrière le fringant clou de la soirée, l’immarcescible paire d’homos mondains ou l’incontournable vieille pute. Agathe Godard n’a même pas cru bon de mentionner notre nom dans le commentaire. Scandalisé, on tente de joindre Arnaud (Lagardère) qui devrait nous arranger ça vite fait : rectification, erratum, droit de réponse, précision, dommages et intérêts, bref quelque chose quoi, merde, faudrait pas non plus se foutre de la gueule des gens !
Texte et peinture © dominiquecozette