Citation débridée

« Un soir, en faisant ses courses, elle a interrogé l’épicier chinois pour savoir si c’était pas trop gênant d’avoir les yeux bridés « vu qu’on voit moins de choses, forcément puisque la fente est plus petite ». Le lendemain, je demandais le divorce. »

Jean-Paul Dubois (Parfois je ris tout seul).
Photo © dominiquecozette

(Vous allez me dire : elle s’est pas cassée, pourquoi pas un texte d’une ligne tant qu’on y est, elle aurait pu bosser un peu plus… Ce que vous ignorez et que je ne savais pas en initiant ce blog, c’est qu’il est beaucoup plus long de recopier un texte que de le créer directement. Il faut d’abord le trouver, puis le trouver sympa, puis regarder le texte puis ses doigts qui tapent puis on perd la ligne à copier, il faut relire avant de la retrouver, et il faut se montrer très rigoureux avec les ponctuations. Ne s’agit pas de trahir un auteur. Et puis je voulais placer mon minimarket La Madone. Il est chou, non ?) Bien à vous.
(D’ailleurs, juste au-dessus du minimarket La Madone se trouve un miniloft. Trop cute, non ? Je ne pense pas que ce soit un duplex, encore moins un triplex, si ça tombe c’est une cité dortoir avec plein de petits hamsters qui tournent toute la nuit pour alimenter les minifrigos du minimagasin de La Madone. Bon, j’ai dépassé le bas de la photo, je vous laisse).

Vendanges tardives

Tout est toujours écrit
Tout est toujours écrit

Mylène reconnaît Mikaël à la station de taxi de la porte Maillot. Il est toujours aussi bel homme. Elle l’aborde. Il s’illumine. Mais elle n’a pas de temps pour prendre un verre avec lui. Elle lui donne son numéro de portable. Leur grande histoire date d’il y a vingt ans, ils étaient fous amoureux, il était marié, le bi-bop n’existait pas. Il ne pouvait pas quitter sa femme, elle ne voulait pas de cette souffrance. Puis il est parti pour affaires à Hong-Kong. Revenu à Paris depuis la mort de sa femme, il a beaucoup fantasmé sur une reprise de leur relation sans oser faire le premier pas. Aussi rayonne-t-il face à cette perspective. Mais au cours d’un déjeuner de retrouvailles, Mylène lui parle d’un certain Francis avec qui la vie est douce. Mikaël ravale ses rêves et passe à autre chose. Six mois plus tard, ayant rompu avec Francis, Mylène appelle Mikaël pour dîner avec lui. Mais il lui apprend qu’il a quelqu’un, qu’il n’est pas libre le soir. En revanche, l’après-midi… Voilà comment Mylène se retrouve la maîtresse du même homme, sans nuit, sans week-end et sans vacances avec lui. Comme dit son psy : Toute histoire est inscrite dans son début.
Texte et dessin © dominiquecozette

Home sweet home

Pleine de bonne volonté
Pleine de bonne volonté

C’est abominable. Vivre chez ses parents à quarante ans, c’est inhumain. Ils ne veulent pas virer leurs élevages de canaris frisés de ma chambre, ils disent que j’ai qu’à trouver du travail, que eux ils ont le droit à une retraite peinarde et pas à s’occuper d’une vieille enfant pénible qu’est toujours à les emmerder quand ils veulent fumer un cigare ou qu’ils aèrent jamais. Les canaris, ça pue, ça fait un barouf dès six heures du matin, j’ai pas le droit d’ouvrir à cause qu’ils sont fragiles et maintenant faut que je les aide à trimballer les cages pour les concours. Alors j’ai ramené un chat, un p’tit chaton, pour foutre un peu le souk, et ben croyez moi ou pas, j’ai les yeux comme ça à cause de l’allergie. Y a tout qui foire mais je veux tellement travailler. J’aimerais bien présenter la météo, m’occuper d’une ONG comme Emmanuelle Béart, aider les mannequins à s’habiller, conseiller des bonnes femmes à présenter mieux. Voyez, ce genre. Si vous connaissez quelqu’un, je demande que ça.

Texte et dessin © dominiquecozette

Combien ça coûte ?

A Granpopo (Bénin)
Votre vie est la plus belle

« Mais c’est gratuit. La vie ne coûte rien, vous la gagnez à la tombola de la naissance et vous vous l’appuyez jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ne prenez pas la peine de vous casser la tête ou de vous ouvrir le ventre pour y chercher la facture ou le bon de garantie, il n’est pas question qu’on vous l’échange contre une prairie ou qu’on vous remplace un mauvais souvenir par une nuit d’amour. De toute façon, n’oubliez pas que votre vie est la plus belle, la plus merveilleuse de la planète et du temps.
– C’est la vôtre.
Et les autres ne sont que des fantasmes, pas des pulls en cachemire ou de jolis maillots de bain dont vous pourriez avoir toute une panoplie dans votre armoire pour en changer quand votre humeur s’assombrit, s’illumine, ou quand le temps bleuit, rumine, ou bruine comme le plafond sature d’humidité d’un hammam. »

texte Régis Jauffret (Libération 9-10 fév 2007)
photo © dominiquecozette

Caritativ’strip®

Zéro défaut

C’est comme les laissés pour compte de leur grosse boîte en faillite qui font un calendrier avec eux à poil pour attirer l’attention. Elle, c’est pour aider des gens pauvres de son quartier. Elle a organisé un caritativ’strip® en rameutant les meufs pas trop bégueules mais pas moches non plus, elle s’est fait prêter une sorte de salle des fêtes et a distribué ses flyers. L’idée, c’est de se foutre à poil et d’attendre que quelqu’un donne un billet. Alors, on montre son premier défaut plastique et on enchaîne. Sauf qu’il n’y avait que des voyeurs fauchés, des obsédés voraces, des pervers pépères, des p’tites cailleras. La sono (bien grand mot) n’a pas marché, le projo a pété, les types l’ont matée d’une façon malsaine, pour tout dire concupiscente. Les autres nanas qui attendaient leur tour se sont vite rhabillées. A la fin, quand elle est sortie en larmes de la « scène », elle s’est réveillée, il faisait gris, le bruit du balai de plastique emplissait la rue, la radio de la vieille folle hurlait derrière la cloison, son jules cuvait sur le canapé devant la télé allumée, son piercing suintait encore un peu, et son nouveau vernis de chez Deborrah l’attendait sur le lavabo. Elle a aimé cette pure ambiance

Texte et dessin © dominiquecozette

De la mode by Chi Li

« Elle portait un fuseau noir, Dieu sait qui a inventé ce genre de pantalon. A la taille, il y a une ganse élastique ; en bas des jambes est fixée une bande qui passe sous le pied. La matière est de la fibre synthétique qui, dès qu’on bouge, se couvre de poussière attirée par l’électricité statique. Même si la matière est de qualité, le style est surprenant : à quoi cela rime-t-il de faire passer une bande sous pied ? »

(Chi Li. Pour qui te prends-tu. 1995)*
photo © dominiquecozette
* Très chouette bouquin chinois, très drôle.

Oral sex

Ma langue maternelle
Ma langue maternelle

« Bonjour, docteur, voilà, je viens vous voir parce que je voudrais savoir ce que vous pourriez faire pour moi. Ma pathologie est gênante : j’ai une langue de bois. C’est pas que ça me dérange dans mon métier, vous pensez ! Je suis dans un métier de représentation, voyez, non, vous ne voyez pas ? Je suis député, enfin presque et c’est vrai que je n’ai aucun mal oralement. Le problème, c’est dans mes relations privées, voyez-vous, non, vous ne voyez pas ? Avec toutes ces femmes qui m’entourent,  auxquelles j’accorderais volontiers quelques privautés si cette fichue langue voulait se faire de velours, vous voyez, non, vous ne voyez pas ? Ah, vous ne voyez rien du tout ? Ah, vous n’êtes pas le docteur ? Ah, vous attendez l’ophtalmo ! Ah … voilà, voilà, voilà… Vous n’auriez pas une idée pour ma langue, des fois ? Parce que comme on dit : c’est ceux qui voient mal qui le font mieux… Non, on ne dit pas ça ? Aïe, je me suis mordu la langue ! Je ne vois pas que ça a de drôle. Au plaisir monsieur, et joyeux glaucome ! »

Texte et dessin © dominiquecozette

Hors sujet

Réduire son empreinte ?

Edmond n’a pas d’enfant. Du moins d’enfant avec lequel être attentionné. Les dernières nouvelles de son fils Pablo date d’une dizaine de mois et concernent son incarcération à vie pour viols et tortures multiples sur diverses « espèces vivantes ». Donc Edmond n’a aucune raison de se soucier de l’avenir de la planète. mettez-vous à sa place : son futur concerne à tout casser les 40 prochaines années, qu’est-ce qu’il va se faire chier à réduire la durée de ses douches, se priver de sa grosse vieille Américaine super toxique, éteindre au lieu de laisser sur veille, acheter les produits verts qui de toute façon sont moches, chers et moyennement verts à fabriquer ou à éliminer, trier ses saletés, renoncer à voyager loin ! Non, bien sûr, il va pas se faire chier, mais ce qui le fait chier, c’est que sa bad attitude ne fait pratiquement pas de différence avec ceux qui bossent à réduire leur empreinte. C’est pas qu’il est parano mais il y a de quoi se demander qui c’est qui se fout de la gueule du monde, merde quoi. Et le voilà qui se rebelle, qui devient grossier et hors sujet.  Par exemple, aujourd’hui, en pleine pandémie, il a glavioté. Demain, il pissera sans soulever la lunette, après-demain il laissera tourner le moteur en allant chercher son pressing. Edmond est un gros et sale con mais nous, on s’en fout car il habite Lima, Equateur, là où tout pourrit.

Dessin et texte © dominiquecozette

Aïe aïe aïe Ballard !

Chez Leroy Merlin
Chez Leroy Merlin

« Nous vivons dans une dictature soft. Notre liberté est une illusion. Dieu est  mort. Nous n’avons plus de grande guerre européenne. La démocratie est devenue une plaisanterie. Les politiciens sont des techniciens corrompus qui gouvernent nos pays comme s’ils manageaient une grande entreprise. La seule chose qui nous reste : le consumérisme. Le danger serait de nous en lasser, car au-delà du consumérisme, il ne nous reste plus rien ! »

J.G. BALLARD. Millenium people

Photo © dominiquecozette

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