Les regrets de Fredo Mit-mit à lire sans regrets

Mes regrets sont des remords, dernier opus de Frédéric Mitterrand est un procédé à la façon de « je me souviens » qui permet d’enquiller une floppée de souvenirs et d’anecdotes sur sa vie passée. Fredo est hypermnésique, il n’oublie pas les noms, les lieux, les circonstances, il garde tout, lettres, fax qui pâlissent jusqu’à disparaître, mots, souvenirs. Il ne répond pas toujours et même pas souvent, procrastine à mort puis s’en veut, s’en veut même après la disparition des personnes à qui il avait promis une aide, une réponse.
Ça commence avec les petites gens, serviteurs, bonnes, nounous qui ont ourlé son enfance de bonté et de confort, avec lesquels, au moment de prouver qu’ils avaient compté pour lui, ne trouvaient plus personne en face d’eux. Ça continue avec les animaux dont, parfois, il n’a pas su comprendre les besoins d’amour. Puis les amis d’enfance d’école et de collège, les débris de la société qu’il a essayé de sauver, sa famille, ses amants, ses petites amoureuses. Une mosaïque de relations qui tissent le portrait de l’écrivain : sincère, ne sachant pas dire non, faible, généreux, oublieux, toujours sur la brèche, cherchant pas mal les emmerdes quand il traînait dans des quartiers mal famés ou qu’il accueillait dans son petit deux pièces des épaves qu’il n’arrivait plus à chasser, quand il faisait son intéressant de petit-bourgeois stupide pour faire bisquer des copains moins nantis.
J’y ai même trouvé deux pages émouvantes sur Florence, une copine journaliste morte d’un cancer, que j’ai connue et dont je savais les liens qui l’attachaient à Fredo.
Tout ça ne feraient peut-être pas un livre si la plume de FM n’était pas aussi talentueuse, aussi tendre avec les autres, aussi sévère avec lui-même, et surtout si on ne cherchait pas à découvrir des petits ragots mondains comme on les aime. Oui, il y en a. Et de bien croustillants comme sa rencontre un peu louche avec Khadafi, ou le tournage d’un film trash avec François Wimille qui fit tant de peine à sa femme, Catherine Breillat alors enceinte.
L’avantage avec ce genre de livre c’est qu’on n’est pas obligé de le lire d’une traite. On s’en prend une bonne dose, on referme, on y revient etc. Très agréable bien que plutôt triste dans le propos.

Mes regrets sont des remords de Frédéric Mitterrand, 2016, aux Editions Robert Laffont. 360 pages, 20 €.

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter