Trouvez-vous normal que Luc Ferry ait été grassement payé (4499 € mensuels, dois-je vous le rappeler) pour des cours de philo qu’il n’a pas donnés ? Il paraît qu’il ne s’est pas tourné les pouces pour autant, déclare je ne sais plus quelle conne qui commence par un pet et termine comme une fesse. Alors, si c’est normal, pourquoi est-ce que Matignon va assurer le remboursement de ses émoluments à Paris VII ? Qui peut me le dire ?
Mais ce n’est pas ce qui me chiffonne le plus. Ce qui me chiffonne bien plus, c’est que le fric que Matignon va reverser, c’est notre fric, principalement composé de nos impôts divers dont la TVA dont je m’acquitte à chaque achat. Vous trouvez ça normal qu’un philosophe aussi nase — c’est l’image qu’il me renvoie — n’ait pas été sommé de rendre cet argent et que c’est moi (et toi, lecteur) qui soit chargée de cette dette ?
Le plus pénible encore — vous allez me dire : arrête de t’énerver pour ça mais non, je ne m’énerve pas, je m’indigne — donc le plus pénible, c’est le sourire narquois que ce type affiche lorsqu’une caméra tourne autour de sa tête à claques comme une mouche à merde autour d’un tron, je veux dire d’un étron. Je devrais être habituée à ce genre de sourire, notez, c’est le sourire de « com », celui que l’on conseille à tous ceux qui devraient avoir honte : DSK, sa femme, Woerth, sa femme, MAM, sa femme, heu…et tous les autres qui, sommés de répondre de quelque action peu reluisante au niveau de la loi ou de la moralité, exhibent ce fameux rictus dont la signification est clairement, et au choix
– cause toujours tu m’intéresses
– j’vais m’gêner
– je t’emmerde
– casse-toi pauv’con
– j’en ai rien à foutre
– mon père est plus fort que le tien
et tant d’autres gracieusetés signifiant qu’ils sont tellement au-dessus de nous « que rien de nous ne pourra monter aussi qu’eux et le peu qui viendra d’eux à nous c’est leur fiente… »* en d’autres termes, ils nous shiatsu. Ils passent du statut d’humiliés à celui d’humiliant, pour ne pas dire du milieu tant est grossière leur appartenance à l’élite mafieuse du pouvoir contemporain. Beurk, ça pue grave, non ?
Dieu sait (mais il n’existe pas, ha ha ha) comme je méprise ce prurit annal, je veux dire puritanisme anglo-saxon qui oblige les plus puissants à s’excuser publiquement d’avoir menti, publié une photo en érection, batifolé (DSK y avait été contraint, il faisait moins le malin !), mais je commence à penser que finalement, même si ça n’empêche rien, au moins ça ne nous donne pas l’impression que ces personnes se foutent en plus de notre gueule !
* D’après un poème de Richepin mis en musique par Brassens sous le nom de « les oiseaux de passage » qui glorifie, en fait, ces téméraires qui vont si loin, si loin, vers les paradis [fiscaux], alors que la piétaille bourgeoise se contente de si peu, de ce qu’elle a. Damned !
Texte et peinture © dominique cozette