Gynécolattitude

Mon cher Arthur, comme tu me l’as demandé, je t’envoie une photo de moi. Tu vas penser que je sui exhibo mais non, tu sais que je suis danseuse et le soir j’effeuille dans des clubs pour payer mes études de chirurgie gynécologique. C’est quoi la chirurgie gynécologique, c’est comme son nom l’indique une chirurgie réparatrice pour les femmes qui ont des bobos là, qui peuvent être un hymen à refabriquer parce que leur fiancé ne supporterai pas qu’elles aient eu d’autres visites que lui, un clitoris à refabriquer parce que dans leurs traditions les femmes ne doivent pas avoir ce plaisir, un vagin abîmé parce qu’elles se sont fait forcer, oui, on peut dire violer parce qu’ils voulaient absolument se soulager dans elle, un périnée déchiré parce que l’accouchement n’a pas été très bien mené, et toutes sortes de choses que je t’expliquerai chaque soir en rentrant dans notre chez nous. Mais il n’y aura pas de chez nous parce que tout ce que je te dis te glace les os et te fera débander dès que tu penseras à moi. Je crois que c’est mieux ainsi. Toi, ce qu’il te faut, c’est une gentille fille avec une robe froncée jaune paille et un pashmina à poser délicatement sur ses épaules lorsque le fond de l’air fraîchira (dans la colle). Bye !

Texte © dominiquecozette
peinture © dominiquecozette pour l’expo les 11 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre

aminata

– Aminata, elle a deux robinets sur le palier du foyer dans sa cité !
– Deux robinets ?
– Oui, un pour l’eau froide et un pour l’eau chaude. Mais chacun sur un  palier différent.
– Quand même, deux robinets ! Et puis c’est pas loin pour tirer de l’eau. Pas comme nous !
– Oui, alors, il parait qu’elle fait la fière…
– La fière parce qu’elle a deux robinets ? Laisse-moi rire !
– Attends, c’est pas fini !  Tu connais sa première co-épouse ?
– Mbora.
– Oui, hé bien Mbora, elle la bat !
– Elle la bat ?
– Oui, elle la traite de feignasse, c’est vrai qu’elle fiche rien. Et sa troisième co-épouse…
– Ah, y en a une troisième ?
– Oui, une gamine, Fatimatou. Elle la vole. Elle lui dérobe ses bijoux, ses grigris, ses lotions.
– Ah, arrête ! je vais faire pipi dans mon pagne ! Aminata qu’était toujours à se plaindre, à vouloir faire sa princesse ! Deux robinets !  Et deux co-épouses ! J’en reviens pas !
– Son mari, ça fait trois jours qu’il l’a pas touchée !
– Oh la la ! Trois jours ! Elle va avoir des puces dans la culotte !
– Arrête ! J’en peux plus, ça y est, j’ai fait pipi !
– T’as noyé tes puces ? LOL !

Texte © dominiquecozette
peinture © dominiquecozette pour l’expo 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre

Poupée Barbue

Cher monsieur Mattel,

vous me reconnaissez ? Je suis Barbie-la-coupe-au-carré-et-les-cheveux-blond. Alias Barbie n° 24 367. Mais comme vous le voyez, j’ai du poil au menton et une toison pectorale qui frise l’espagnolade. Je m’adresse à vous parce que je me souviens très bien que vous vous êtes amusé à faire des expériences sur nous, Ken et moi, en nous injectant des hormones de l’autre sexe. Ken s’en est bien tiré puisque malgré son manque de couilles, il a réussi à faire carrière auprès des petites filles qui aiment bien les hommes lisses et plats de l’entrejambe. Mais pour moi, c’est une autre paire de manches : avec mes joues qui piquent et mon paillasson pectoral, je passe pour une perverse auprès des mamans et des grands-mères et de ce fait, je reste seule en rayon à me faire chier la b… (oui, oui) et franchement le temps me paraît bien long. Ne pourrais-je pas espérer tomber dans une petite famille tranquille du Texas pour vivre ma vie normale de Barbie avec des bras en moins, des cheveux arrachés et plein de stylo feutre sur la gueule ?  Alors monsieur Mattel, sauvez-moi, remettez-moi ma dose d’oestrogène et je serai la plus heureuse des poupées Barbues. Heu, Barbie.
Cordialement.

Texte et photo velue © dominiquecozette

alloalloalloalloalloalloallo….

hh

Allo ? Tu m’entends, là, je t’entends très mal, non, je me suis arrêté, ça y est ? Tu me captes ? Merde, ça se barre, je crois qu’il n’y a pas de réseau ici. Quoi ? Oui, super, enfin, moyen, que des cons, on se demande pourquoi ils viennent à ces colloques, hein ? je disais on se demande pourquoi ils s’inscrivent, ils passent leur temps à envoyer des SMS, quoi ? T’entends plus ? Attends, je bouge. Et là ? Oui, et dès que les portes s’ouvrent, ils se ruent sur leur mobile, quoi comme moi ? Non, t’es gonflée quand même, je ne t’entends plus, allo, allo ? Merde, ça a coupé ! Quelle conne, non mais elle attige ! Hé, t’as du réseau, toi ? t’es quoi ? Quoi quoi, comme opérateur … Bouygues, Orange ? Ah excuse, ça sonne ! Allo ! Oui ! Tu vois, j’aurais du prendre Orange ou SFR, Bouygues c’est nase, ça passe nulle part, non, je dis Bouygues c’est nase ! Allo ! Allo ? Coupé ! Mais que fait Sarkozy, merde, il est président, non ?

Texte © dominiquecozette
peinture © dominiquecozette pour le Salon Comparaisons, au Grand Palais, du 4 au 9 novembre. Allo ?

mer 6 pr T mess

oooooOOOOOOUUUUIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!

Arèt 2 me tél qd j nik, c vrai koa, P nib a la fin, on pe pa niké trankil, C naz ! ta vu coment kil é bo mon mec, J l’M trp, C dla bal, il bez com 1 dieu, c ouf, jle kif grav.
6 tu ve, on se voi  D ke possib, 10 manch, pr prendr 1 ver ou alé O 6né… aten o o o ooooooo  OOOOOO OOOOOOO !!!!!!!!!!!!!!, G joui comm une trui, C g nial ! Bon, j te less, 6 non il va X plosé mon ifone, il M pa ke J fas 2 choz a la foa. Slt é a +. Lèt.

Ça ié, il é parti, il a une meuf jalouz 2 ché jalouz, kelconn ! taka 10 né ché oim ce soir, G D ravioli é D piza conjlé, avec 2 la vod K, et dla be. On smé 1 DVD é a minui, on sor, on se trouv 2 bomec, G encor envi 2 B zé, ce mec ma rendu chodass. 6 non, on sfou o pieu toutlé 2, ya pa ke lé mec, non plu. Ten 10 koa ? Biz . Lèt.

OK, OK !  alor rdv 2main à la picine, fo ke J naj, jen é mar 2-7 vi 2 patach. On se remé o spor, dac ? Pr etre bel 7 é T, pr dragué lé + bomec. A 2 min, Lét.

G oublié 2 T dir : amN D Kpot, D foa ke, a la picine. On C jamé. Rebiz. Ta Lèt.

Texte © dominiquecozette
Peinture © dominiquecozette pour le Salon Comparaisons, au Grand Palais (mé voui !), du 4 au 9 novembre 09.

Jamais le dimanche

Bloody sunday...

C’est pas la peine d’insister, je te l’ai dit : je reste fermée le dimanche. Hier, j’étais ouverte, t’avais qu’à en profiter. Je suis ouverte toute la semaine, du lundi au samedi minuit, jamais de vacances sauf quand tu t’es barré, alors qu’est-ce que tu crois, je suis pas à ta disposition, nous les femmes on a aussi le droit de tirer le rideau. Quoi les autres meufs, bah vas-y voir les autres meufs, ça me fera des vacances, si elles ont envie de s’ouvrir le dimanche ça les regarde, c’est pas le mec de l’UMP qui va me dicter ma conduite. Moi,  je suis pas payée comme lui, j’ai pas des frais de représentation, une bagnole de fonction, des notes de frais, des avantages de toute sorte, j’ai pas un siège à l’hémicycle pour me rebecter quand je suis nase, et arrête d’insister, c’est usant ça, la plupart des meufs, elles préfèrent dirent oui parce que ça va plus vite que de défendre son intimité, parfaitement, arrête de rire, non mais c’est pas drôle, mais oui je suis bien avec toi, c’est pas le problème mais y a des jours pffff, bon, allez, d’accord, mais vite fait hein, et puis ce soir, tu m’invite à la pizza, OK ? (Je n’ai aucune volonté).

Texte © dominiquecozette
Peinture © dominiquecozette pour l’expo les 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre.

Bébés objets ?

ni une valeur refuge !
ni une valeur refuge !

Ça allait déjà mal dans ma boîte il y a une dizaine d’années. Plans de licenciement en perspective, pas d’augmentation en vue, ambiance à chier avec des patrons terrifiants de nullité. Ce qui poussait naturellement les femmes en âge de procréer à procréer (quel style, ce matin !) puisqu’il n’y avait rien à attendre côté boulot si ce n’est ne pas se faire lourder. Des gros ventres partout dans les couloirs, les réunions, à la cafèt, ce qui faisait dire à ce patron fin psychologue « Vous voyez bien que tout ne va pas si mal, sinon, on ne ferait pas d’enfants ».

Actuellement, je prépare mes 3 salons de novembre. Cette peinture est un petit format pour les 111 des Arts de Lyon (10-22 novembre), expo caritative au profit d’enfants hospitalisés :  111 artistes exposent une dizaine d’oeuvres 20×20 qui sont vendues 111 euros dont 48 pour l’artiste, le reste pour l’asso. D’autres expos se déroulent à Paris et à Toulouse. Site  ici. C’est un ancien patron de pub de chez Ketchum, attention à ne pas trop l’éternuer, Paul Lévy, aujourd’hui décédé, et sa femme Claudine qui ont créé ce salon.  Il se déroulait au départ face à Beaubourg. Ils ont fait des petits, il y a eu des sécessions, et Claudine en a recréé un à Marseille mais je n’ai pas réussi à le trouver. Si quelqu’un connaît…

Texte et peinture © dominiquecozette

Mal à toi ?

Explorer son moi-nous
Explorer son moi-nous

Marie-Nathanièle se propose de vous accompagner dans l’exploration de la matière corps selon son acception d’enveloppe de  densité (dansité) spatio-spirituelle avec pour objectif fondamental le retour à la source de la gestuelle (j’est-ce-tu-elle) moi-nous, dont les premiers strates se traduisent dans la cosmogonie originelle par la défécation primale de l’oestrus incestueux qui participe de l’improvisation vitale imprimée (in-primée) en-deçà de la représentation sociétale de tout être résolument expressionnel. Tenue correcte exigée, pas de maquillage ni de laque. Résultats garantis en trois séances. Chaque stagiaire repartira avec son nouveau moi-nous et un guide d’approfondissement de son exploration individuelle.

Texte et dessin © dominiquecozette

Pride ac’

Rêve d'homme

Vous vous voyez là-dedans, vous, amis de mes amis ? J’sais pas mais c’est un peu gratiné, comme look. Des milliers d’heures de broderie à la main, au fil d’or, une queue de pie (la pie vole, la pie rit, la pie caquète bref la pie culture), des poignets du même bois, le bedon bien dégagé, pas intérêt à exhiber son cal de comptoir ! Voyez aussi ces deux médailles en chocolat, qui, sans vouloir critiquer, jurent, non pas fidélité, mais inesthétiquement avec l’ensemble des motifs. Je vous fais grâce du chapeau, de l’épée et tout ça. Pour obtenir ça, on se bat, on ourdit, on trame, on trahit, on abuse, on berne, on dupe, on filoute, on roule, on bluffe, on suborne, on déjoue, on spécule, on combine, on flatte, on intrigue, on conspire, on manigance. J’imagine que le paquet de bonbons qu’on reçoit en récompense doit valoir le jus. Moi, personnellement et je parle juste en mon nom, je trouve ça ridicule, ces vieux messieurs (il y a des dames aussi) qui jouent encore avec des panoplies, pour consoler le petit garçon qui est en eux et qui se faisait niquer dans la cour de récré. Remarquez, pendant ce temps-là, avec ce beau costume, ils font pas de bêtises.

Texte et photo (de qualité moyenne, j’en conviens) © dominiquecozette

Home sweet home

Pleine de bonne volonté
Pleine de bonne volonté

C’est abominable. Vivre chez ses parents à quarante ans, c’est inhumain. Ils ne veulent pas virer leurs élevages de canaris frisés de ma chambre, ils disent que j’ai qu’à trouver du travail, que eux ils ont le droit à une retraite peinarde et pas à s’occuper d’une vieille enfant pénible qu’est toujours à les emmerder quand ils veulent fumer un cigare ou qu’ils aèrent jamais. Les canaris, ça pue, ça fait un barouf dès six heures du matin, j’ai pas le droit d’ouvrir à cause qu’ils sont fragiles et maintenant faut que je les aide à trimballer les cages pour les concours. Alors j’ai ramené un chat, un p’tit chaton, pour foutre un peu le souk, et ben croyez moi ou pas, j’ai les yeux comme ça à cause de l’allergie. Y a tout qui foire mais je veux tellement travailler. J’aimerais bien présenter la météo, m’occuper d’une ONG comme Emmanuelle Béart, aider les mannequins à s’habiller, conseiller des bonnes femmes à présenter mieux. Voyez, ce genre. Si vous connaissez quelqu’un, je demande que ça.

Texte et dessin © dominiquecozette

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