Calamiteuse coloc

Le problème de vivre en coloc, c’est de partager la vie intime de quelqu’un dont on n’a pas choisi d’apprécier cette partie-là de son existence. Donc ce jeune homme a été recruté après le départ de Zazie qui a gagné la carte verte, je veux dire the Green Card au grand loto US et qui s’est dit qu’elle allait ouvrir une boutique de produits so french style bérêts, slips Eminence et marcels, charentaises, Traction, 2 CV, DS en modèles réduits… Ce jeune homme s’appelle Navé, ne me demandez pas pourquoi, et chaque matin, son état de santé nécessite des exercices spéciaux appelés JMADLAGEM (je m’agite devant la glace en musique). Ça ne prononce j’m’a d’la gem (y a pas de plaisir, ajoute t-on). Sinon je crève, ajoute t-il. Comme la seule glace est séparée de la salle de bain par ces carreaux de verre et que c’est pile poil à l’heure où je me douche, vers 14 heures, voilà ce que vois en me savonnant, me rasant, m’épilant le torse, effectuant mes pompes. Ce que j’entends  va de King Crimson à Meatloaf en passant par des tas de trucs de ce style des middle-seventies. Pas trop désagréable non plus, ça me rappelle l’époque où je me masturbais devant les photos de Patrick Dewaere et de Kojak. Juste avant mon époque hétéro. Lui ne me fait pas bander du tout, il est trop fade et il bouge mal. Il faudrait que j’aie le courage de le lui annoncer mais je ne voudrais pas le vexer. Plus le temps passe, ça fait quand même six mois que ça dure, plus je le conforte dans l’idée que quelque chose est en train de grandir entre nous. Ce en quoi il n’a pas tord, sauf que ce n’est pas une idylle ou de l’excitation, c’est juste de la lassitude. Comme je suis lâche, je cherche une autre colocation et je partirai d’un coup, un soir, sans rien lui dire. Vous trouvez ça moche ? Moi aussi. Mais la vie est tellement moche que ça reste raccord avec le reste. Et puis j’en ai marre de partager des odeurs de fauves avec des mecs, j’ai envie de vivre avec des femmes. Je m’entends mieux avec elles, elles sont plus maniaques, plus raffinées et leurs histoires de cul sont bien plus nases.

Texte et dessin © dominiquecozette

Les états d’âme de Cellulite *

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Qui est cette forte femme dans ma glace ? Encore cette vieille antienne, allez-vous me rétorquer ! Non, l’autre était un petit format. Celui-ci est à taille réelle. Alors, si ça se trouve c’est un auto-portrait, vous demanderez-vous si vous ne m’avez jamais vue ! Monsieur est trop bon, mais non, j’ai le regret de vous annoncer que je ne suis pas canon comme ça depuis que je suis canonique, d’ailleurs je n’ai jamais eu de gros seins non plus et tant mieux, au moins ça ne tombe pas avec l’âge. Alors, c’est qui ? Bah c’est madame Schtroumpf, Eve de son prénom, voyons ! Celle qui fut taillées dans une côte de mec parce qu’il en avait une en trop, la côte flottante, pas la côte de Blaye idiot, et qui croqua l’orange que Dieubleu lui avait interdit de mordre. Quel min’cheux, çui la ! Donc cette Diableu de femme a fini par engendrer cette myriade de petits êtres sensibles et tendres, à bonnet blanc (et Dubonnet) qui logent dans des Offices à Loyer Lamellibranchu. Comme on ne peut pas les déshabiller, ni leur ôter leur bonnet blanc (et Dubonnet), personne ne sait qu’ils sont jaunes de poil et autres extensions kératiniques. Bon, maintenant que je vous l’ai dit, passons au point crucial : pourquoi cette Schtroumpfette parle t-elle anglais ? Mystère et bull terrier. Peut-être révise-t-elle quelques notions en vue de la future mondialisation de sa petite troupe. De toutes façons, la plupart des femme se trouvent trop grosses, que ce soit en serbo-croate ou en poldo-moldave. Non, pas vous  ? J’ai dit : la plupart.
* Référence à un album de Brétecher la bien nommée.

Texte et peinture © dominiquecozette

Rien à craindre

Ils sont tous pareils, ils se prennent pour des caïds, et dès que tu les fous à poil, y a plus personne. Ils détestent être à poil devant des gens vêtus. Ça se comprend, remarque, et comme on est des gros nases, on les vanne sur leur attributs. Facile, mais c’est la guerre, mec, on s’amuse comme on peut, on ne sait pas si on sera encore vivant demain, alors, camembert. Le pire, c’est quand on amène Rintintin devant eux, alors là, les yocs remontent à toute berzingue, c’est comme s’ils n’en avaient pas. Y en a qui se pissent dessus, ou plus même. C’est dégueu. Rintintin, il ne ferait pas de mal à une mouche. Ça veut pas dire qu’il mettrait pas un coup de croc. Enfin, on fait gaffe, on aurait du mal à expliquer ça au capitaine. Oh, quoi, on s’amuse un peu, c’est pas méchant… Après le mec, on le laisse, je vous jure, on ne le touche pas, on lui dit de se rhabiller et de pas moufter. Et il repart dans sa cellule. Il y a des rumeurs comme quoi on torturerait. N’importe quoi ! On n’est pas comme ça, on est des bons gars, on est là pour défendre des trucs qui nous dépassent, mais c’est tout. On fait notre job du mieux qu’on peut, notre petite routine quoi.

Texte et peinture © dominiquecozette

Eternelle saison d’exotiques défilés

Quand j’étais petite, on sollicitait régulièrement notre compassion sur ces petits Africains crevant de faim, cannes de serins et ventre énorme, mouches autour des yeux. C’était une façon de nous dire : Alors, on se bouge, on fait quelque chose pour eux ? Oui, on a fait beaucoup, on a montré, on en a causé, on a créé des commissions, tenu des colloques, incité des gouvernements, ramassé de l’argent, nourri des ONG, et puis voilà, rien ne change, c’est toujours la même actualité insupportable et récurrente mais maintenant, on montre de jolies jeunes femmes altières qui défilent d’un pays à l’autre, qui vivent dans des camps sans hygiène, sans unités sanitaires, sans solution. Mais s’il n’y a pas de solution, c’est peut-être qu’il n’y a pas de problème. On regarde ces images en pensant qu’elles sont très belles, très dignes, tellement « racées ». C’est vrai que quand on n’a rien à manger, quand il faut faire des kilomètres pour chercher de l’eau que l’on rapporte sur sa tête, ça aide à garder une belle silhouette. C’est tout ? Non, ce n’est pas tout, le sommet sur la sécurité alimentaire  qui se tient actuellement à Rome ne compte qu’un dirigeant du G8, Berlusconi, qui en profite pour sécher son procès. Les quelques actions envisagées sont vagues et sans date butoir. Quant à Khadafi, il n’a rien trouvé de mieux que de convoquer par P.A.  de belle et grandes jeunes femmes rémunérées 60 €. Elles pensaient que c’était pour faire hôtesses mais non. Elles ont reçu du Colonel un endoctrinement de deux heures sur l’Islam. On est loin du problème, on ne brûle pas, les défilés des jolis pagnes aux couleurs chatoyantes peuvent continuer à décorer nos pages « monde ».

Texte et Peinture © dominiquecozette. Cette peinture sera à Mac 2000, espace Champerret du 19 au 22 nov.

Dear surrogate mother,

Dear surrogate mother*, first, excuse me for my english : I was raised in France, as you know, and it’s not the right country to learn good foreign languages. As you remember, I hope, I was in your belly during eight months and some dust (french expression), and my real mother picked me as soon as I get out of you, that’s why you have not been introduced to me. My parents are very jealous of you and act as if I was normally created by them.  If I write to you, it’s not to bother you, it’s just to know what kinf of music you  used to listen when you were pregnant of me. Cause my parents are always playing Rostro, Bach, Mozart and Bix Beiderbecke.  And sometimes Guy Marchand (a french singer). Then, when I hear  Susan Vega, specially the first one, I feel a deep, deep, nostalgy as if I were an orphan. Can you tell me too if you used to eat shrimps. Same sensations. Thank you very much.
PS : My parents are not very funny, I should have prefered to stay with you, whoever you are. Love, Wenceslas (that name !).
* mère porteuse

Texte © dominiquecozette
Peinture © dominiquecozette. Ce tableau sera à MAC 2000. Et je ferai des prix spéciaux chômeurs sur la plupart d’entre eux.

am fckin so gr8t

OMG ! kit ! cul8r ! Vous remarquerez que c’est la même image que le petit format du mois dernier, mais dix fois plus grand, et pas pareil au niveau des couleurs et du décor. C’est le même concept, quoi (il n’est pas tout à fait fini). Ça raconte la même chose en anglais, qu’elle nique et que c’est rudement bien mais ça empêche pas de rester en contact avec la personne au téléphone et de se voir un de ces quatre. OMG, faut le savoir, ça ne veut pas dire organisme génétiquement modifié mais oh my god ! Donc, quand vous commanderez votre épi de maïs dans votre petit restaurant de quartier ou chez votre marchand de primeur, dites : je prendrais bien un épi de maïs mais pas oh mon Dieu. Evidemment, le garçon ou la fille de salle ou le vendeur de primeur va adopter, à l’issue d’une procédure très rapide, un regard semi-glauque, qui pourrait signifier à moitié bleu turquoise, mais que j’utilise dans son acception courante, c’est à dire à demi abruti. Kit, ça veut pas dire que la nana qui nique sur une terrasse de la sixième avenue dit à son interlocutrice qu’elle la quitte, bien au contraire, keep in touch, elle veut rester en contact. Et puis cul, ça veut pas dire ce qu’on voit sur l’image, ça signifie see you later. Je vous raconte ça car que dire d’autre ? L’image est claire, c’est des gens qui font plus rien sans leur mobile dans la main, c’est quèque chose, dans quel monde Vuitton, je te jure ! Si quelqu’un m’avait prédit ça y a 23 ans, j’aurais demandé son internement d’office.

Texte © dominiquecozette
Peinture © dominique cozette, très grand format exposé à Mac 2000 Paris
NOUVEAUTÉ : J’instaure un tarif chômeur pour les acheteurs qui ont la chance de ne pas avoir de patron casse-couilles (voyez, je positive, moi aussi, je suis au chômage).

desperate houseband

Craquant.

Le type de type que kiffent toutes les nanas : viril  qui assume son côté féminin « j’aime que ma chemise soit bien repassée et je ne demanderai jamais à ma (future) femme de le faire à ma place ». Il a le regard velouté et la main ferme. Il habite ailleurs ça veut dire « comment qu’on va faire pour se voir, ah la la quel romantisme ! », il fait un métier de vocation c’est à dire qui tourne autour de l’aide sociale, de l’enseignement, du soin à domicile, il est mince et juste enrobé pour qu’on ne se cogne pas à sa clavicule ou à sa rotule, il aime aussi les films psychologiques, il se demande à quoi ça sert qu’on (les femmes) se mette au régime ou qu’on se dessine un trait sur l’oeil, il dit qu’il rappellera et il rappelle, ses draps ne sont jamais douteux et il relève la lunette des ouaouas, il sent bon, il nous tient la porte, il est seul et, comme il dit, la responsabilité de leur échec était partagée, il a une Kangoo, il a beaucoup de copains chaleureux, il trouve toujours une sortie intéressante à faire, il aime rencontrer nos amies et en parle avec une grande finesse, il est sexuel mais ne pense pas qu’à ça, il adore préparer de bons petits dîners, il aide toujours les autres. Et cet homme là, ousqu’on le trouve ? Chez moi, parce que je viens d’y mettre le grappin dessus !

Texte © dominiquecozette
Peinture © dominiquecozette pour l’expo des 111 des Arts à Lyon du 10 au 22 novembre

In gold we trust

Moi avec ma copine.
Moi avec ma copine.

Bonjour, je m’appelle Paris Hilton et je voudrais bien m’abonner à votre magazine, le Nouvel Observateur, car il me correspond tout à fait. Il y a de belles pubs de tout ce que j’aime, Rolex, Tag Heuer, Prada, Azzaro, Dior, Dolce Ga, Burberry’s, Kenzo, Boss… J’ai vu qu’il y avait aussi plein de pages sur la haute-couture et les défilés, il y a de belles voiltures, Lancia, Land Rover, au moins 20 pages sur la mode homme, je vais pouvoir gâter mes fiancés, et puis à la fin du magazine, il y a plein de propriétés et châteaux, pas très chers, dans les 2 millions de vos euros, des petits pieds-à-terre dans le Marais à un peu moins d’un million, c’est cool, j’en ai marre d’être à l’hôtel. Comment ça se fait que personne ne m’a parlé de votre journal, et quand je demande à mes copains français, ils me disent que c’est pas un journal de luxe parce que c’est de gauche. Je ne comprends pas ce distingo, moi qui suis de gauche très bohême, ça n’empêche pas que j’aime le luxe, je ne vois pas où est le bug.
PS (ça veut dire aussi parti socialiste, non ?) : J’espère que vous m’abonnerez gratuitement, c’est pas que c’est trop cher pour moi, c’est que, comme je ne paie jamais rien, je n’ai ni carte ni espèces. Chéquier ? C’est quoi ce machin ?
Je vous embrasse, cher gentil abonneur so cute ! Paris H.

Texte et peinture© dominique cozette
Ce tableau sera avec moi à MAC 2000 PARIS du 19 au 22 nov à l’Espace Champerret.

Le suppo de Satan

miam miam
miam miam

Les Français m’emmerdent ! Les Français ne pensent qu’à bouffer et lorsqu’ils bouffent, ils ne parlent que de ce qu’ils ont déjà bouffé, pas encore bouffé ou dont ils ont entendu parler lors d’un dîner. Ah, et comment tu fais ça ? Les Français commencent toujours par faire revenir des oignons, moi les oignons, je ne les ai jamais vu partir mais eux si. Donc, ils les font revenir et parfois même blondir. Un monde. Ils peuvent faire un roux mais c’est plus rare. Bon, après, il y a les ingrédients proprement dit, évidemment choisis avec le plus grand soin dans les échoppes les plus confidentiellement courues. A la fin, il y a invariablement la touche personnelle, le secret de fabrication, le scoop culinaire qui doit étonner tout un chacun : « …et alors à ce moment là, mais pas avant, juste lorsque ça frémit (ou frise ou bouillonne ou fige ou durcit etc) tu ajoutes un verre de meursault, ou une cuillerée de foie hâché, ou une pilée de baies roses, ou quelques graines d’opiacées ». Moi qui ne suis pas français, Dieu m’en garde, je produis toujours mon petit effet lorsque je dis que j’ajoute un demi suppositoire au camphre fondu. La tête ! Mais je sais être convaincant, on finit par me croire. On me fait un clin d’oeil complice en me saluant. Alors, lorsque vous serez à un dîner dans les V, VI, VIIème arrondissements ou extensions, et qu’un des hôtes évoquera cette « special touch au camphre », vous saurez que ça vient de moi. Qui ça, moi ? Quelqu’un venu d’ailleurs et qui ne partage pas vos problèmes d’identité nationale. Camphre !

Texte © dominiquecozette
Peinture « la recette »  © dominiquecozette pour l’expo les 111 des Art à Lyon du 10 au 22 novembre.

Salloween !

Sales mômes ! Vous allez arrêter de vous pendre à ma sonnette ! Halloween, halloween, c’est quoi cette histoire ? Mais bien sûr que je sais, mais ici, on est en France et vous savez quoi ? Ce sont les grosses multinationales qui s’en mettent plein les fouilles avec vos conneries ! Non mais qu’est-ce que vous croyez ? Qu’on fait ça pour être sympa avec vous ? Vous êtes très crédules, têtes blondes et crêpues, vous suivez n’importe quel connard qui vous promet des bonbons et des jouets ! Si vous saviez ce qu’ils foutent dans leur saloperies caoutchouteuses ! A l’époque de la vache folle, on y trouvait de la moelle de boeuf. C’est normal, dans un bonbon, de la moelle de boeuf ? Et encore ça, c’est rien ! Si vous saviez rééllement comment c’est fait, vous regarderiez avec un peu plus de respect la grande faucheuse ou le squelette dont vous empruntez les attributs. Sales mômes, oui, je suis un vieux con aigri, tiens approche, toi, viens voir par là, non, tu ne veux pas entrer ? Tu veux pas que je te montre mes bonbons ? Ça t’intrigue, hein ! Comment ils sont mes bonbons ? Tu n’as qu’à venir, c’est bien caché au fond, là-bas, et je ne les distribue jamais, mais comme tu es bien mignon et que tes cheveux sont très doux, mais non, n’aie pas peur, je n’ai jamais fait de mal à un gosse, allez, reviens, hé, reviens !!! Petit con, va, allez retourne chez toi ! Bouh ! Encore un qui fêtera plus Halloween. Quel boulot, chaque année !

Texte et photo © dominiquecozette

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