Le suppo de Satan

miam miam
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Les Français m’emmerdent ! Les Français ne pensent qu’à bouffer et lorsqu’ils bouffent, ils ne parlent que de ce qu’ils ont déjà bouffé, pas encore bouffé ou dont ils ont entendu parler lors d’un dîner. Ah, et comment tu fais ça ? Les Français commencent toujours par faire revenir des oignons, moi les oignons, je ne les ai jamais vu partir mais eux si. Donc, ils les font revenir et parfois même blondir. Un monde. Ils peuvent faire un roux mais c’est plus rare. Bon, après, il y a les ingrédients proprement dit, évidemment choisis avec le plus grand soin dans les échoppes les plus confidentiellement courues. A la fin, il y a invariablement la touche personnelle, le secret de fabrication, le scoop culinaire qui doit étonner tout un chacun : « …et alors à ce moment là, mais pas avant, juste lorsque ça frémit (ou frise ou bouillonne ou fige ou durcit etc) tu ajoutes un verre de meursault, ou une cuillerée de foie hâché, ou une pilée de baies roses, ou quelques graines d’opiacées ». Moi qui ne suis pas français, Dieu m’en garde, je produis toujours mon petit effet lorsque je dis que j’ajoute un demi suppositoire au camphre fondu. La tête ! Mais je sais être convaincant, on finit par me croire. On me fait un clin d’oeil complice en me saluant. Alors, lorsque vous serez à un dîner dans les V, VI, VIIème arrondissements ou extensions, et qu’un des hôtes évoquera cette « special touch au camphre », vous saurez que ça vient de moi. Qui ça, moi ? Quelqu’un venu d’ailleurs et qui ne partage pas vos problèmes d’identité nationale. Camphre !

Texte © dominiquecozette
Peinture « la recette »  © dominiquecozette pour l’expo les 111 des Art à Lyon du 10 au 22 novembre.

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