Une sorte de folie terriblement productive s’est emparée de Yoyoi Kusama, depuis son âge tendre, depuis qu’elle eut une hallucination de pois rouges alors qu’elle était à table. Validée par un psychiatre, cette folie devint l’emblème de son art qu’elle exerça principalement à New-York, dans les années 60, où elle explosa littéralement. C’est un travail de fourmi, sans relâche, qu’elle entreprend en créant de gigantesques peintures obsessionnelles, des Infinity Net, d’abord blanc puis en couleur, sans début ni fin.
Elle devint aussi une performeuse opiniâtre qui en appelait à la presse dès qu’elle se produisait avec ses modèles, souvent nus comme elle ou peints de pois, ou encore vêtus de ses créations textiles à caractère orgiaque.
Bien que très provoc, Yayoi exprime sa peur/hantise du sexe par la confection de myriades de sculptures phalliques souples, en tissu rembourré, dont elle tapisse murs, barques, mobilier, pièces entières. On a tous vu celles qui jaillissent du sol comme de superbes tentacules rouges à pois blanc ou réciproquement.
Il y a aussi ces espaces fermés, boîtes tapissées de miroirs qui renvoient à l’infini ses formes molles à pois mais aussi des petites étoiles qui changent de couleur : c’est magique de s’y recueillir !
Suite à des problèmes personnels aigus, Yayoi Kusama rentre à Tokyo en 73 et se fait admettre en hôpital psychiatrique pour s’y faire soigner. Depuis, elle y demeure et travaille régulièrement dans son atelier voisin. Elle réalise de grandes peintures très graphiques, très colorées, ainsi que de nombreuses autres choses car c’est une artiste protéiforme qui alterne films, romans, poésie…
Yayoi Kusama, née en 1929, a exposé dans de prestigieux musées. Une infime partie de son travail (150 oeuvres) forme une importante expo- rétrospective à Beaubourg jusqu’au 9 janvier, attention, c’est demain !, avant de partir à la Tate Modern de Londres puis au Whitney Museum de New-York.
Une expo hallucinante, variée, joyeuse, délirante, totalement frappadingue. Courrez-y !
Yayoi Kusama au Centre Pompidou jusqu’au 9 janvier. Lien ici.
Texte © dominique cozette
Tout à fait d’accord Dominique, très bonne expo. Bises