Je n’aurais jamais ce livre sans y avoir été poussée par l’enthousiasme du Masque et la Plume. Le Nageur écrit par l’excellent PIerre Assouline conte le destin exceptionnel d’un petit homme (au départ), Alfred Nakache, né à Constantine, pétri de modestie, de bons sentiments, d’empathie, mais aussi d’humour et de gaité. Et qui est devenu, à force de travail, d’entêtement, de rigueur, un immense champion dans de nombreuses catégories de nages. Il a participé, bien que juif (car l’antisémitisme régnait déjà en Allemagne) aux J.O de Berlin en 1936 puis à ceux de Londres en 1948.
Mais que s’est-il passé entre ces deux dates ? Une horreur. Dénoncé par son rival, qu’il est décidé à tuer vaille que vaille, il a été embarqué, ainsi que sa femme et leur fillette de deux ans à Auschwitz. Il ne les reverra jamais. Puis il sera envoyé à Buchewald et grâce à sa réputation d’athlète (qu’il n’est plus, dans son corps amaigri), il sera muté à l’infirmerie ce qui lui permettra de sauver des prisonniers. Mais avant qu’il occupe ce « poste » vaguement confortable (tout est relatif), Assouline décrit la façon dont il a été traité, comme des milliers d’autres, maltraité, torturé, humilié. Il s’en est sorti grâce à une volonté de fer. Résister à tout prix.
Lorsque la guerre est finie, lorsqu’il sait que ses deux amours ne reviendront plus, le rire l’a déserté. Tous ceux qui l’ont aimé n’ont de cesse de le soutenir, de l’entourer. Il reprendra certes la natation, il ne sera bien sûr plus champion mais s’occupera d’enfants et continuera à faire son kilomètre dans le port de Cerber, Pyrénées orientales, où il se noiera, une mort sur mesure. La boucle est bouclée.
Quand on parcourt la somme des livres, documents, et autres sources consultés pour l’écriture de cet ouvrage, on comprend pourquoi il est est si vivant, pourquoi il fourmille de tant de détails passionnants, pourquoi il est si prenant. Il est superbe.
Le Nageur de Pierre Assouline, 2023 aux éditions Gallimard, 256 pages, 20 €
Texte © dominique cozette
Merci je vais , je cours acheter demain matin, Tu m’as vraiment donné envie de le lire. Merci