Tu es mort, applati raplapla sur le bitume parisien du 13ème arrondissement et ce, dans l’indifférence générale. Cher petit rat, peut-être t’attendait-on quelque part, mais tu as traversé sans regarder et vlam, te voilà écrapouti. On devine encore tes humeurs aqueuses qui dessinent autour de toi l’auréole de sainteté que personne ne te décernera, car, petit rat, les gens ne t’aiment pas. Les gens ont peur de toi, on se demande pourquoi. Ils te trouvent radin, crade, laid, répugnant et vont même, honte à eux, jusqu’à te comparer à Eric Zemmour, laisse tomber, un mec pas intéressant. Avec une queue plus petite que la tienne.
Cher petit rat qui a tenté de survivre dans ce monde bétonné de toutes parts, sois quand même heureux de ton sort car d’autres rats croupissent dans des laboratoires, bouffis de tumeurs cancéreuses par nous inoculées, abrutis de médocs qu’on n’ose pas avaler, rongés de maladies humaines, stressés d’apprentissages stupides, et torturés, vivisectés, prisonniers d’un enfer indicible.
Cher petit rat, j’espère que tu as eu le temps de connaître l’amour et la gourmandise, que ta vie aura été, sinon prospère, du moins heureuse. Adios, ratounet !
Texte et photo © dominique cozette