La théorie de l’information par un geek de chez geek : passionnant !

Malgré la rudesse du propos : épopée économique française, de l’invention du Minitel à l’arrivée des terminaux mobiles, de l’Internet au web 2.0 etc., ce livre, qui, dit-on, s’inspire de la vie de Xavier Niel, fondateur de Free, ex-nabab du Minitel rose, m’a passionnée. Ces 500 pages bourrées des technologies qu’on utilise tous ou qu’on a utilisées, et l’histoire de ce petit gars grassouillet seul comme le ver dont il essaiera de s’inspirer, sur la fin, pour encoder le monde à travers les utilisateurs de facebook  m’ont bluffée.
Ce qui me bluffe dans les livres, c’est la somme de boulot qu’il a été nécessaire d’ingurgiter pour en faire quelque chose de fluide, d’intéressant, de romançable. Moi qui n’y connais pas grand chose en théories diverses d’informations, en circulation de données, en informatique, j’ai suivi sans peine l’expansion de ce jeune puceau timide qui, surdoué, arrête les études pour monter sa boîtes en détournant les réseaux du Minitel, devient richissime à 20 ans, tombe amoureux d’une strip-teaseuse de peep-show qui lui apprendra la vie et le sexe, le présentera à un gros bonnet de la prostitution grâce à qui il pourra passer des étapes nécessaires à sa réussite.
Dans son ascension vers les sphères de la toute-puissance des nouvelles technologies, il rencontrera ou fera affaire avec des gens qu’on connaît bien comme Thierry Breton, ex-ministre, Jean-Marie Messier, Thierry Ehrmann le fondateur d’Art Price, ou Sarkozy. Il attirera à lui les plus forts dans leur domaine afin d’assurer sa mainmise sur tout. Il tombera peut-être suite à la découverte de sa proximité aux proxos mais, innocent de ce côté-là, rebondira sur un désir encore plus pointu et extrêmement fou.
Seul, obèse, vivant dans une pièce aveugle, une friche gardée ou une limousine aux vitres noires, Pascal Ertranger parviendra t-il à tenir l’univers entre ses mains ?

La théorie de l’information par Aurélien Bellanger, Gallimard, 2012.  487 pages

Texte © dominique cozette

Marché de l’art contemporain mondial : la France sent le pâté !

L’énorme banque de données sur le marché de l’art, la plus complète avec 450 000 artistes suivis et répertoriés, 27 millions d’adjudications et cotes depuis 1987, 108 millions d’images des 3600 organismes de vente partenaires s’appelle Art Price. Incontournable lorsqu’on veut savoir la cote d’un artiste. Une entreprise montée par un fou d’art, Thierry Ehrmann, un Français collectionneur de père en fils depuis des générations et dont on peut avoir une idée de l’immensité de la tâche sur cette vidéo de 25 minutes qui montre comment travaillent ses collaborateurs, en relation avec le monde entier, parlant toutes les langues requises dans ce vaste milieu de pays consacrés ou émergents. Le must, c’est leurs bureaux implantés dans un lieu ahurissant, la Demeure du Chaos, à Saint Romain au Mont d’Or,  dont  les murs intérieurs ou extérieurs  et le terrain portent les stigmates de toutes sortes de catastrophes arty, explosions, attentats,  squelettes cramés, graphes gigantesques, hélicoptère crashé, voitures calcinées… Univers invraisemblable qui vaut le coup d’oeil et dont les aventures judiciaires pour cause de troubles de jouissance du voisinage ne sont pas près d’être conclues.
Bref, Art Price vient de rendre public, à l’occasion de la récente FIAC, son rapport étayé —Le rapport du Marché de l’art contemporain Artprice & Fiac —  qui s’appuie, non pas sur des tendances au pif, mais sur les chiffres exacts de toutes les ventes d’oeuvres réalisées entre le 1er juillet 2010 et le 30 juin 2011. Vous pouvez télécharger ce rapport de 80 pages en PDF sur le site et voir par vous-même.
En gros, l’art contemporain se porte plutôt bien, le haut de gamme continue à prospérer mais le centre du monde bouge nettement vers l’est avec une tendance lourde chez Les Chinois.
A la fin du rapport, Art Price recense les 500 artistes qui ont le mieux vendu pendant ces 18 mois et vous ne serez pas surpris de voir  Basquiat arriver largement en tête avec plus de 54 millions de chiffre. Dans ce peloton de tête, on retrouve Zeng, Koon, Wang, Murakami, Hirst, mais aussi Cindy Sherman, Barcelo et Peter Doig.
Après cela, il faut dérouler, dérouler, dérouler… pour arriver enfin à un Français : Combas, 145ème rang, Pierre et Gilles, 167ème, le jeune Jules de Balincourt (dont certains comme moi ont pu connaître l’heureux papa TV prod  chez FCA entre autres) donc 180ème, Richard Orlinsky, Mr Brainwash — vedette du mur de Banksy — Charles Pasqua et Richard Texier. Ce qui fait  7 artistes (8 en tenant compte du duo  Pierre et Gilles) sur un total de 500, je vous dis pas, c’est pas brillant, brillant. Et cela malgré le fait  que les richissimes collectionneurs français soient partie prenante dans Art Price. On nous l’a toujours dit : nul n’est prophète en son pays…

Peinture © Mroad  1978. Texte © dominique cozette

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