Malgré la rudesse du propos : épopée économique française, de l’invention du Minitel à l’arrivée des terminaux mobiles, de l’Internet au web 2.0 etc., ce livre, qui, dit-on, s’inspire de la vie de Xavier Niel, fondateur de Free, ex-nabab du Minitel rose, m’a passionnée. Ces 500 pages bourrées des technologies qu’on utilise tous ou qu’on a utilisées, et l’histoire de ce petit gars grassouillet seul comme le ver dont il essaiera de s’inspirer, sur la fin, pour encoder le monde à travers les utilisateurs de facebook m’ont bluffée.
Ce qui me bluffe dans les livres, c’est la somme de boulot qu’il a été nécessaire d’ingurgiter pour en faire quelque chose de fluide, d’intéressant, de romançable. Moi qui n’y connais pas grand chose en théories diverses d’informations, en circulation de données, en informatique, j’ai suivi sans peine l’expansion de ce jeune puceau timide qui, surdoué, arrête les études pour monter sa boîtes en détournant les réseaux du Minitel, devient richissime à 20 ans, tombe amoureux d’une strip-teaseuse de peep-show qui lui apprendra la vie et le sexe, le présentera à un gros bonnet de la prostitution grâce à qui il pourra passer des étapes nécessaires à sa réussite.
Dans son ascension vers les sphères de la toute-puissance des nouvelles technologies, il rencontrera ou fera affaire avec des gens qu’on connaît bien comme Thierry Breton, ex-ministre, Jean-Marie Messier, Thierry Ehrmann le fondateur d’Art Price, ou Sarkozy. Il attirera à lui les plus forts dans leur domaine afin d’assurer sa mainmise sur tout. Il tombera peut-être suite à la découverte de sa proximité aux proxos mais, innocent de ce côté-là, rebondira sur un désir encore plus pointu et extrêmement fou.
Seul, obèse, vivant dans une pièce aveugle, une friche gardée ou une limousine aux vitres noires, Pascal Ertranger parviendra t-il à tenir l’univers entre ses mains ?
La théorie de l’information par Aurélien Bellanger, Gallimard, 2012. 487 pages
Texte © dominique cozette