L’art, l’art, l’art, les meufs ont rien à y faire !

Tout ce qui est intéressant, tout ce qui rapporte, tout ce qui valorise, tout ce qui fait envie, tout ce qui buzze, tout ce qui est admirable, tout ce qui est intéressant, tout ce qu’on voit partout, tout ça et ce que j’oublie, c’est du ressort du mâle. Quel scoop ! Pas un boulot, un secteur ou un art dominé par les femmes
Et pourquoi ? Parce que.

Les femmes, c’est pas fait pour ça. Les femmes écrivent ? Les hommes, c’est plus couillu (certes).
Les femmes cuisinent ? Les hommes ont le sens des recettes couillues (certes).
Les femmes chantent, peignent, sculptent, jouent la comédie ? Les créations masculines, mêmes les plus délicates, sont plus couillues (certes).

Claudine Galéa* nous donne les chiffres de cette inégalité, qui la mettent hors d’elle. Et hors de moi. Edifiant :
84% des théâtres subventionnés sont dirigés par des hommes. Les hommes dirigent mieux les théâtres subventionnés, c’est bien connu.
97% des musiques que nous entendons dans nos institutions sont composées par des hommes. Ecrasant de vérité, faut croire.
89% des institutions musicales sont dirigées par …. suspens … des hommes ! Les hommes dirigent mieux les institutions musicales, faut pas oublier !
85% des textes que nous entendons ont été écrits par des hommes. Ah, c’est vrai, j’avais oublié, les femmes n’écrivent pas !
78% des spectacles que nous voyons ont été mis en scène par des hommes. Les femmes ne savent pas, c’est trop compliqué, voyons !
Encore une : Les prix littérature jeunesse les plus prestigieux sont remis à des hommes, qui ne représentent qu’un tiers des écrivants jeunesse.
Et plein d’autres exemples ahurissants comme les disparités énormes du montant des subventions selon que c’est une femme ou un homme le responsable…

Alors, moi je pense que c’est normal. On ne peut pas diriger un orchestre quand on a des seins car ça gêne. On ne peut pas mettre en scène quand on a des seins parce que les partenaires sont gênés par le désir que vous procurez. On ne peut pas donner trop de subvention à une dirigeante de théâtre car la première chose qu’elle va faire — toutes les études le montrent — c’est se ruer avenue Montaigne pour acheter des pompes hors de prix. On ne peut pas écrire de la musique « qui marche » quand on est une femme car c’est très compliqué avec nos petites mains de couvrir une octave de piano ou avec nos lèvres lipstickées de souffler dans une trompette. On ne peut pas écrire des livres bien parce que le fait d’être assise sur nos clitos nous inhibe dans la construction d’une belle histoire. Etc.

Pour vous dire comme la femme féministe que je semble être a bien intériorisé le concept d’expertise masculine, c’est que l’autre jour, à l’Apple Store où j’avais un engin à vérifier, j’ai souhaité tomber sur un mec, estimant qu’il était sûrement plus armé pour m’aider que les quelques femmes qui bossaient là. Je ne vous dis pas la baffe que je me suis donnée. J’en porte encore les stigmates !

* Article dans Libé du 10/07/12.  Son mouvement  H/F contre les discriminations femmes-hommes dans la culture avec pétition si on veut faire avancer les choses : cliquer ici.

Texte et dessin © dominique cozette

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter