
« Sans laisser d’adresse » de Pierre Molina prenait racine sur ma table de nuit, d’où venait-il ? Sûrement de mon mari qui me l’avait conseillé… Et je m’en suis emparée mardi dernier. Croyez-moi ou pas mais je l’ai lu en une nuit ! Pourtant, on ne peut pas dire que son style soit remarquable, que ses nombreux dialogues soient audiardiens, que la psychologie de ses personnages soient de la plus grande finesse ou que même le titre soit d’une grande créativité et pourtant … l’histoire m’a passionnée.
Dès les toutes premières pages, on apprend que le narrateur, un écrivain québécois célèbre, vient de se défenestrer alors que tout allait bien pour lui : succès, vie familiale…. Mais qui raconte, alors ? Hé bien lui. Car avant de se jeter par la fenêtre, il a écrit son dernier livre, toute son histoire qui explique ce geste insensé et qui nous le fait accepter. Car nous aurions peut-être fait pareil.
Car Nicolas Verdier n’est pas le fils de la mère qui l’a élevé avec son vrai père. Sa mère biologique, maîtresse de son père – qui n’arrivait pas à choisir entre sa femme et sa maîtresse – a disparu corps et bien en le laissant, promettant de revenir le chercher. Mais jamais elle n’est revenue. Cela se passait entre Paris et Trouville où le couple parental avait créé une auberge haut de gamme dont le régisseur, homme de confiance était un ami de la mère. Un taiseux qui probablement savait des chose mais ne livrait rien.
Donc après la mort du couple parental, Nicolas Verdier quitte le Canada avec femme et fiston pour s’installer dans ce paradis normand. Et décide de reprendre l’enquête sur la disparition de sa vraie mère qui l’a abandonné en lui laissant une blessure jamais cicatrisée. Ce qui, quarante ans après, n’est pas de toute facilité.
De mystères en secrets et découvertes cruelles, il va apprendre, par petites touches ou énormités cauchemardesques, ce qu’il s’est réellement passé, et comment lui-même a participé à la tragédie de la fin. Et comment il est impossible de vivre après toutes ces épreuves. Palpitant.
Sans laisser d’adresse de Pierre Molina, 2024, aux éditions M+ collection noire, 300 pages, 19,90 €
Texte © dominique cozette