La peau du ventre bien tendue

Merde ! On va encore se gaver des tas de saletés, je vais m’enfiler des coupes de champagne, puis des petits verres de sauternes, des montbazillac au dessert sur de la truffe au chocolat et des foies gras à peine cuits ou poêlés (4000 tonnes, cette année, ça fait combien de bêtes ?), des cous farcis, des chapons dodus dégoulinant de graisse, des dindes farcies aux marrons de l’Ardèche, des rôtis de biche bien sauceux, des magrets de canard, des pomerol, des moulis, des gaillac, des omelettes aux truffes, du pain et du beurre avec les coquillages, des bûches au moka, à la crème, aux chocolats blancs, noirs, des bouchées à la reine, des boîtes entières de chocolats belges, suisses et français, des marrons glacés, des saumons fumés, des queues de homard à la mayonnaise, des amuse-bouche de toutes sortes, des noix de cajou, des martin–gin, des mojitos, des manzanillas, des roquefort, des vacherins, du caviar, des oeufs de lumps rouges, des cuissots de chevreuil, en moyenne sept cents euros par ménage… Pourquoi passons-nous chaque fin d’année à nous dégoûter déjà de ce qui nous dégoûtera après, qui laissera notre organisme exsangue, notre portefeuille plat, qui nous fera grossir, nous filera le cafard mais que nous ferons quand même ? Parce que dans la Comédie Humaine, il est écrit que nous sommes obligés de subir cette épreuve afin de nous souvenir que le petit Jésus était tout nu dans de la paille avec juste le souffle de l’âne et du boeuf pour le réchauffer. Ah, bon, c’est pour ça ? On avait complètement oublié !

Texte et dessin © dominiquecozette

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