Un fils parfait est le troisième roman de Mathieu Ménégaux que je lis. A chaque fois, je suis captivée. Il y est toujours question d’un crime, voire d’un meurtre, suivi d’un imbroglio de problèmes judiciaires subis, à juste titre ou non, par le héros ou l’héroïne. Il connaît bien son sujet et c’est passionnant. Mais tellement déprimant aussi.
Ici, c’est une jeune femme qui écrit à sa belle-mère, sa lettre constituant le livre. Dès le début, on apprend qu’elle est en cavale avec ses deux fillettes, loin de la France, que tout va bien, enfin. L’objet de la lettre est de raconter à la mère de son mari sa version des faits. Car, non, ce n’est pas une malfaitrice (ça se dit, ça ?), que son mari, cet homme parfait, était bien un criminel en violant ses fillettes et qu’il a été un abominable salaud d’avoir chargé sa femme et l’avoir fait condamner.
C’est vrai que c’est un type formidable, bon époux, bon amant, bon père, bon professionnel, apprécié de tous, ce qui est bien pratique lorsque l’appareil judiciaire vient fourrer son nez dans sa vie. Cependant, ce loup qui vient terroriser sa fille lorsque la maman s’absente quelques jours pour raisons professionnelle … non, ce n’est pas possible, pas lui ? C’est très fragile un récit d’enfant, et puis un enfant, ça se manipule aussi et pour ça, le mari est très fort. Que faire ? Ça va être un enfer pour cette mère qui veut les protéger. Elle se heurte à beaucoup de choses, la machine judiciaire est impitoyable, elle-même n’est pas parfaite, loin de là, et tout lui retombe dessus, notamment son « hystérie », sa violence face au mari qui veut lui enlever ses enfants.
Ce livre est fondé sur une histoire réelle et fait froid dans le dos. En lisant ce récit, on se prend de sacrés coups de poings dans la gueule, tout paraît dégueulasse, on guette le moment, la faille, où elle pourra sauver ses fillettes des griffes du prédateur. Puis, tout à la fin, bien après l’envoi de la lettre, un fait divers lui apprend le pourquoi de la déviance perverse de cet homme si parfait. Un choc !
Un fils parfait de Mathieu Ménégaux, 2017 aux éditions Grasset 242 pages. Et chez Points, 6,20 €.
Mes articles sur : Je me suis tu, ici. Est-ce ainsi que les hommes jugent ici
Texte © dominique cozette