Nichons

C’est quand même assez rigolo de travailler chez PIP et de tripoter des nichons toute la journée. D’être payé pour ça. Vous vous rendez compte ? Tous les jours, ces hommes — d’après ce qu’a montré la télé — remplissent des prothèse mammaires avec du gel. Le soir, quand ils se mettent au lit et que Bobonne mendie une caresse, je les imagine leur dire : Ah non chérie ! Pas à la maison, tout d’même !
Bon, bref, leur vie à eux s’arrêtent car des cochons de responsables ont fichu une saleté dans le gel — pour faire du profit je suppose, pas parce que c’est le premier avril — et voilà t-il pas que trente mille nanas s’empoignent les seins en se demandant comment cela va -t-il finir !
Tout ça parce que nous essayons de coller au mieux à l’image de LA femme dans le but de plaire à celui qui assurera notre descendance, notre subsistance, notre réjouissance.
Voilà pourquoi aujourd’hui, nous ne voyons que de beaux nichons, des qui tiennent tout seuls comme une belle mayonnaise, des petits bien ronds, des gros bien pleins. Alors, quand j’ai lâché « elle a les seins qui tombent » à propos de ceux, naturels, d’une actrice à la quarantaine assumée, je m’en suis voulu, je me suis trouvée conne, et si j’en avais eu une paire et pas craint la vulgarité, je me les seraient bouffées pour me punir d’avoir eu cette réaction. Mais je n’en ai pas,  pas plus que de gel PIP.
N’empêche, ces prothèses qu’on nous montre à la télé, ça a l’air drôlement agréable à tripoter. Les PIP devraient recycler celles qui restent et les commercialiser comme boules à déstresser. On les poserait sur son burlingue (modèle standard), dans sa poche (modèle Birkin), ou à la place de son oreiller (modèle Lolo Ferrari).*

Texte et dessin © dominiquecozette

* Excusez-moi pour ces vieilles références, les actuelles étant moins typées au niveau mammaire, ou me trompé-je ?

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