Cher Léo Ferré,
je me suis souvent demandée pourquoi je n’avais jamais vraiment adhéré à votre talent alors que j’étais très fan de Brassens. Pourquoi ? La The Nana me plaisait bien, c’était extra aussi votre listing de tout ce que vous appréciiez chez la femme qu’était toute nue sous sous pull et bien d’autres choses encore. Intuitivement, j’ai du être arrêtée par quelque chose qui me heurtait chez vous. Le détail qui tue. Et je l’ai découvert en allant voir LA DOMINATION MASCULINE, documentaire de Patrick Jean, un homme qui fustige le pouvoir masculin mal placé. Et le vôtre, cher Léo Ferré !!! Franchement, les mamies ne vous disent pas merci car, n’étant pas fan de vous, j’ignorais votre travers de porc number one. Oui, vous aimiez beaucoup les femmes, pour leur génie, mais un génie très particulier qui se situe dans leur aptitude à procréer. Et voilà ce que vous disiez :
« L’intelligence des femmes est dans leurs ovaires. Je hais les femmes cultivées. Elles n’entrent plus chez moi. »
C’est pas que je sois très cultivée mais enfin, je me sens légèrement visée. Que vous ont-elles fait, les femmes cultivées ? Ah, elles sont pas drôles, hein ! Elles vous bousculent dans vos mâles certitudes et votre virilité triomphante, menacent votre phallisme primaire et vous font débander dès qu’elles ouvrent l’esprit. Aîe, aïe, aïe. C’est bien plus sympa, les petites ouvrières de Créteil, les mômes qui vous regardent avec des yeux de merlan frit parce que vous avez le verbe, qui boivent vos paroles et vos notes sans barguigner et qui restent à leur place qui était celle de leur mère, de leur grand-mère etc. Voilà, c’est tout, cher Léo, je m’en fiche un peu de tout ça, mais je ne vous savais pas aussi macho. Je vais me mettre pas mal de vos admirateurs/trices à dos, tant pis. Reposez-vous bien et sans rancune !
Texte et dessin © dominiquecozette