Kabul, c’était comment en 67 ?

Un nuage de haschish...

Je trie mes vieilles lettres et tombe sur celle-ci, d’un copain qui a plaqué son école de commerce pour bourlinguer.  Il m’écrit de Kaboul, en 67 :
« Je me trouve donc actuellement en Afghanistan. C’est le royaume des fourrures et du haschish. Les unes comme les autres sont aussi bon marché et on en trouve à tous les coins de rue contre une poignée de dollars. J’ai sur ma table à côté de moi 1/2 kg de haschish qui appartient à un ami. Hier soir, j’arrive à Kaboul vers minuit. Je frappe à la port de l’hôtel Noor, réputé comme lieu de perdition où  ou tous les beatnicks, voyageurs et Européens bizarres se rendent. On est accueillis par un Afghan complètement parti, avec des yeux grands comme des soucoupes. Il nous installe dans une chambre et revient ensuite avec son shilum, sorte de pipe dans laquelle on fume le haschish pur. Il nous explique que comme il fait très froid la nuit, il vient remplir la chambre d’une fumée de h réconfortante. En effet, dix minutes plus tard, on n’y voit plus rien. Nous nageons dans un nuage de h, et pas du plus mauvais. Il nous lance ensuite des petites plaques de h sur le lit, il n’arrête pas de rire et de parler (…).  Il est tordant, très bronzé. Il porte un petit chapeau couvert de broderies en fils d’or comme en portent les Afghans sous leur turban. Très content, il revient avec du raisin, des gâteaux et des bonbons. Il est merveilleux. D’ailleurs en Afghanistan, tout est merveilleux.(… ) J’apprécie de plus en plus, les paysages, les visages, tout ce qui est naturel et pas contrefait. Je ne regrette qu’une chose, c’est de trouver sur la route des individus complètement drogués, pas au haschish mais à la morphine, à la cocaïne et à tous les médicaments genre Maxiton fort, amphétamines et tout le reste. Le h est une drogue très saine, moins dangereuse que le tabac et l’alcool. (…) Je compte rester à Kabul huit à dix jours, ensuite je vais au Pakistan, puis à Dehli. J’irai sans doute passer Noël à Katmandou… »
Ce copain a vécu au Boutan, est ensuite parti dans le monde, sur un bateau etc. j’ai définitivement perdu sa trace. Il s’appelle Jean-Eudes Bertrand (il n’est pas un des deux de ce nom sur FB). Si quelqu’un le connaît…En recopiant ces mots, j’entends la radio qui la mort d’un soldat français en Afghanistan.

Texte © Jean-Eudes B. /Photo © Mroad

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