M. Je-sais-tout- m’a fait trop rire

M. Je-sais-tout sous titré Conseils impurs d’un vieux dégueulasse est une sorte d’autofiction de John Waters, réalisateur de films scandaleux, outrés, trash, de mauvais goût qui se fout de tout avec une impertinence excessive.
Chaque chapitre évoque un thème précis et ça commence évidemment par le cinéma, les films qu’il a réalisés, les anecdotes qui s’y rattachent, les acteurs/trices et tout ce qu’il faut savoir sur eux et qui est en général très drôle mais jamais méchant, car JW n’est pas un sale type et est plutôt reconnaissant à certains êtres malveillants d’avoir permis son succès. Il parle de son enfance, de ses parents, des disques et chansons de sa jeunesse, et il s’y connaît le bougre, c’est fou ce qu’il cite comme chanteurs et groupes de toutes sortes (dont je n’ai jamais entendu parler, à part Tab Hunter).
Il évoque la littérature et s’y connaît quelque peu, citant beaucoup d’auteurs français, même la Despentes y reçoit ses honneurs, Genêt, beaucoup d’autres. Il expose aussi sa préférence sexuelle, tout le monde sait qu’il est « pédé » mais il abonde sur ce qu’il apprécie, et alors ? Hé bien il est plutôt prude et classique.
Ce bouquin est une somme, l’important n’est pas seulement tous les sujets qu’il aborde (la bouffe, l’architecture, la mort dont la future sienne, un grand chapitre sur la dope car il a tout essayé, les peintres chimpanzés, le sida forcément, la mort de Divine, son acteur fétiche, les débuts de Johnny Depp dans Cry-Baby…) mais sa façon d’écrire, drolatique, généreuse, sans états d’âme, très très libre. Comme c’est classifié par sujet, on peut le poser, le reprendre, le laisser mariner, moi je l’ai lu d’une traite car j’étais trop contente de m’y plonger le soir après une journée harassante (je plaisante).
Quelques citations piquées chez Babelio :
« L’année dernière, quand j’ai été décoré par l’Ordre des Arts et des Lettres sur décision du ministère français de la Culture, j’étais très honoré, mais surtout soulagé qu’aucun de mes anciens producteurs ne se soit incrusté à la cérémonie pour essayer de me voler ma médaille en compensation de ses pertes. »
« Mes tout premiers films en 8 mm qui n’ont jamais bénéficié d’une réelle sortie ont même intégré les collections du MoMA, et, la vache, sept des livres que j’ai écrits continuent à se vendre et deux d’entre eux figurent dans les meilleures ventes du New York Times. Comment est-ce possible ? Comment ? »
Tout est terriblement joyeux. Mais je n’ai pas envie de lire sa dernière fiction Sale Menteuse, ça m’a l’air bien moins drôle que les élucubrations et facéties réelles qui ont rempli sa vie. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir encore plein de projets, à plus de 72 ans, âge de l’écriture du livre.

M. Je-sais-tout, Conseils impurs d’un vieux dégueulasse de John Waters, traduit par Laure Manceau (Mr Know-it-all, the tarnished wisdom of a filth elder, 2019) 2021 chez Actes Sud, en poche chez Babel , 490 pages, 10,90 €.

Texte © dominique cozette

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