FIAC LUXE !

Je ne comptais pas entrer. Mais il n’y avait personne alors je n’ai fait ni une ni deux et hop ! 35 euros plus tard, j’étais dans le grand palais du grand art, le vrai. Celui de Goya, par exemple ! 

On ne m’a pas dit qu’il s’agissait de sa fille, Chantal. Avec Jean-Pierre.
C’est pas grave, il n’y avait que du beau monde. L’incroyable Paul et la belle Margret, deux artophiles danois. Et tous les autres !

Des beaux gars un peu mutiques et immobiles…

trois types très bavards secrets…

quelques autres assis sur un établi ou perchés sur un mur…

quelques cravateux du genre sérieux…

ou un mec un peu plus relax…

mon sosie dans une glace…

un type total look tatoo…

ou encore une femme très fatiguée

à laquelle personne n’avait pensé à proposer un matelas à dormir debout.

J’avais de l’oseille et tout mon temps pour acquérir un sublime chef d’oeuvre. Le premier que j’avisais était saisissant de réalisme. Mais un gardien me dit que non, cela faisait partie du mur du Palais, que ce n’était pas à vendre…

J’aurais du m’en douter car l’inscription « ne pas vidanger, merci » aurait été en anglais ou en chinois. Je négligeais deux autres « trucs » qui, eux, étaient réellement des oeuvres. Mais l’esprit décoratif n’y était pas…

Tiens, un petit cadeau pour le chien de ma voisine !

Un autre pour la fête des grand-mères…

et quelques joujoux, gadgets et objets qui trouveront leur place sous le sapin !

Cette admirable invention à recycler les filets de saucisson me plut bien

ainsi que cette grande boîte de pastels pour mon petit-fils !

Il commençait à se faire tard, mais calmos !

J’avais comme une petite faim et salivais devant deux créations peu hallal

Comme dit l’autre :

Il en dit d’ailleurs beaucoup plus, le tout est de savoir lire !

J’assistais à une performance :

Mais non ! Ce n’était qu’un chariot vert avec plein de jolis petits sacs Guerlain à déposer auprès des galeristes, comme si ces gens avaient besoin de ce genre de cadeaux dont leur salle de bain regorge !  Heureusement, il y avait quand même quelques jolies choses comme ces petites aquarelles sur carton de Gideon Rubin

ce travail du collectif Claire Fontaine, papier et graphite sur tombe, vous savez, comme on faisait, petit, en noircissant un papier posé sur une pièce de monnaie…

ce petit village en relief trompe l’oeil :

et surtout ces magnifiques tableaux d’une créativité artistique esbrouffante !

A offrir à mon beau-père victime de glaucome. Plus loin, quelques travaux amusants attirèrent l’attention de mon objectif, tel ce tableau réalisé avec du ruban sur lequel on brode le nom de ses gosses avant la colo…

cette chemise à six manches pour mon fils qui me dit souvent qu’il n’a pas trois bras

et cette sculpture en dés pour le Dédé.

Il me restait encore quelques messages à lire

ça, c’était juste des débuts de lettres dont le sens humoristique m’échappait. Les suivants étaient plus clairs :

Enfin, après m’être jeté un verre derrière la cravate, et comme il me restait un euro, je fis l’acquisition d’un sac à nul autre pareil

 

Sur le parvis, j’entendis quelqu’un déclarer : Mouais, c’est comme toujours, cette FIAC, de la merde en fourrure !

Au cas où j’aurais pensé la même chose, je m’étais munie de l’arme absolue contre ce genre de désagrément .

Ainsi s’acheva ma visite dans ce que le monde entier (mon dentier ?) considère comme la mecque plus ultra de l’art contemporain.

Texte et photos © dominique cozette

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