Continuer avec Mauvignier ? Forcément !

Laurent Mauvignier possède la force, la puissance et il sait les utiliser. Son dernier livre Continuer en donne la preuve. Il nous raconte un jeune garçon devenu tête à claques, buté, borné, pénible, que sa mère récupère au commissariat après une nuit peu reluisante. Il va mal, bosse mal, refuse de lui parler. Elle le voit mal barré avec tous ses merdeux de potes punks. Il faut le sortir de là, et vite. Le père qui vit à Paris ne se sent pas très concerné. Il propose juste de le mette chez les curés qui savent, eux, comment redresser un sauvageon. Sa mère refuse. Elle a gâché sa propre vie alors que tout lui souriait, elle veut au moins que son fils chéri réussisse à s’en sortir. Son projet est une grande folie : l’emmener plusieurs mois dans les paysages grandioses du Kirghizistan, à cheval (il monte très bien), avec la bénédiction des éducateurs.
Ce qui se passe dans cette région indomptée du monde est décrit avec fougue et précision. On y rencontre les farouches nomades, les voleurs de chevaux, les habitants généreux des yourtes et quelques aventuriers comme eux. La réconciliation avec sa mère, la vie et les valeurs, ça ne va pas se faire comme ça. Elle s’y attend mais se dit qu’elle aura au moins essayé quelque chose de spécial. Et puis un incident va les entraîner vers des faits plus graves, plus profonds. Il fallait sûrement cette violence pour sortir de l’impasse.
Ce livre est superbe, d’une force époustouflante, parfois cruel, parfois aussi féminin, comme écrit par une femme, lorsqu’il évoque la vie de la mère. Rare.

Continuer par Laurent Mauvignier aux Editions de Minuit. 2016. 240 pages, 17 €.

Texte © dominique cozette

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