Il ne s’agit ni du vieux pervers de Reiser, ni de Gainsbarre, ni de Depardieu, ni de Michel Simon et encore moins de Bérurier. Je parle du grand poète pourri, Buko (1920-1994), le vraiment dégueulasse qui ne pense qu’à ça, les femmes, la clope, l’alcool. Accro aux belles jambes avec bas et porte-jaretelles, Budweiser, whisky et bon vins français, il nous déroule ses chroniques, histoires de losers pervers,obsédés, bourrés, crados et parfois violents, nous expose ses idées sur la vie qui sont aussi pertinentes qu’impertinentes, ses inextricables démêlées avec ses femmes et bien d’autres. Et des histoires vécues dont il dit que tout est inventé, lorsqu’il s’est fait jeter, bourré, d’Apostrophes (je l’ai vu en direct !), qu’il a passé quelques temps à Paris avec le réalisateur Barbet Schrœder, et un ami escroc, que ces deux-là l’ont retrouvé à Venice, Californie, pour des aventures aussi clinquantes que sordides.
Il joue aux courses pour acheter sa bibine, roule d’un motel à l’autre, drague à tout va et puis écrit, écrit. C’est pas triste !
Le Journal d’un vieux dégueulasse avait été publié en 69, ce qui l’avait lancé dans le milieu de l’underground et lui a fait rencontrer les personnages aussi importants que lui de la beat. Ce n’était qu’une quarantaine de chroniques, les autres figuraient dans les contes de la folie ordinaire et autres recueils. Ce nouveau livre, le retour du vieux dégueulasse réunit en un volume les chroniques tombées dans l’oubli. C’est édifiant, drôle, dur, alerte et naturaliste. On ne s’ennuie pas avec Buko et même si c’est pas mon type d’homme, j’aurais pas dédaigné m’envoyer quelques gorgeons avec lui !
Une postface bien drue nous remet les choses dans le contexte avec une bonne documentation.
Charles Bukowski, le retour du vieux dégueulasse aux éditions Grasset, 2001 pour la VO, 2014 pour la version française. Traduction : Alexandre et Gérard Guégan. 350 pages, 20,90 €