Miss work in progress

Quand on construit sa maison, on aime l’habiter. Pareil pour sa femme. Quand le chirurgien caresse celle qu’il a recréée, il ne peut que ressentir de la fierté à la manipuler. Ah, ces pommettes que j’ai remontées, ce nez que j’ai redessiné, ces joues que j’ai retendues… Ah, ces lèvres que j’ai repulpées et ce cou que j’ai lissé. Ah, et ces seins que j’ai gonflés et raccrochés, et puis ce ventre que j’ai affiné. Ne me parlez pas de ces cuisses que j’ai regalbées et de ce sexe que j’ai resserré ! Ah, que je suis bien dans cette femme dont j’ai conçu toutes les pièces et dépendances et dont je connais tous les recoins. Dieu merci, il me reste encore pas mal de bricoles à finir : mains, doigts, mollets, fesses. Et dans quelques années, nous reverrons les coudes, les genoux et le nombril. Nous retaperons le visage, les orbites qui menacent de se creuser et les oreilles qui s’allongent. Ah que c’est bon, que c’est bon, que c’est bon.

Texte et dessin © dominiqueccozette

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