On n’appelle pas ça tromper

Oui, je sais, je ne nie pas, ne me regarde pas comme ça, on dirait un cocker. Et alors ? On n’est pas mariés, que je sache, on ne s’est jamais juré fidélité ! Par ailleurs, on n’appelle pas ça tromper. C’est quelqu’un de très bien, on a passé une super belle soirée, j’ai bu du côteau du Layon, tu sais, c’est là où il y a les vignes de René Bouju, mais si, on aime bien courir dans ce coin, bon, bref, c’est un vin qui saoule, oh ! je le savais, il n’a pas agi en traite, c’est difficile de résister à l’or et au sucre quand on est une femme, tu ne peux pas comprendre, si tu étais une femme, ça se saurait et puis d’abord, nous ne vivrions pas ensemble, alors oui, nous avons dérapé dans une romance sirupeuse et voilà, la chose s’est faite et non, je n’ai pas pensé à toi dans ce moment-là.
Pourquoi j’aurais pensé à toi ? Je t’ai laissé endormi sur le canapé du salon, j’ai rempli ta gamelle de croquettes et ton bol d’eau, j’ai mis tes pouic-pouic près de toi et t’ai même laissée un vieux tee shirt avec mon odeur. Alors, arrête tes reproches, sinon on ne t’emmène pas promener. Oui, « on ». Jean-Frédéric et moi. Il a des chiens, lui aussi, des beagles, oui plusieurs. Bon c’est vrai, quand il restera à la maison, tu ne pourras pas dormir sur mon lit mais bon, c’est pas la fin du monde tout de même ! Et si continues à me regarder avec cet air là, tu sais ce que je fais de toi ? Hein ? Je t’envoie chez Brigitte Bardot ! Franchement, vraiment, j’ai le droit de vivre un peu, non ??? En revanche, si tu es très gentil, je vais me faire tricoter un boléro avec tes poils. C’est pas une belle preuve d’amour, ça ?

Texte et dessin © dominiquecozette

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