Alfreido Marceneiro in Foody Love

C’est un immense chanteur de fado qui, dit-on, a contribué à créer le genre. Immense. Il est né à Lisbonne en février 1891, (au dix-neuvième siècle !) et est mort à Lisbonne en juin 1982, à 91 ans donc. Cet artiste dont le chant fait pleurer, j’ai eu l’immense privilège de le voir chanter dans une toute petite boîte à fado du côté de Cascais ou Estoril, un 14 mai 1973. Je n’oublie pas car c’était mon anniversaire et que je l’aimais déjà depuis quelques, on avait six ou sept albums de lui grâce à la belle-famille portugaise de mon premier mari. C’est un bonhomme impressionnant, ça m’a fait le même effet que quand j’ai vu Brassens en vrai, une présence extraordinaire, une voix déchirante, une aura impressionnante. Il était accompagné de jeunes gens qui prenaient soin de lui car il était fatigué, il avait quand même 82 ans, mais, en insistant un peu avec mon portugais de cuisine, j’ai réussi à le convaincre de m’offrir cinq ou six fados. Quel émoi ! Quel honneur, quel souvenir inoubliable !
Pourquoi est-ce que je parle de lui, aujourd’hui ? Parce qu’en regardant une formidable petite série espagnole, Foodie Love, que je vous conseille fortement, qu’entends-je lors du cinquième épisode qui se passe dans un restaurant classieux aux recettes hyper-sophistiquées et terriblement subtiles (on en bave) servies en bouchées ou mini assiettes ? La voix de mon fadiste ! Je n’en revenais pas ! Qui le connaît, à part justement les connaisseurs, les Portugais plus très jeunes et quelques autres ? Et sa voix rocailleuse comme du Waits qui vient illustrer la séquence où les héros vont peut-être enfin s’avouer qu’ils sont amoureux, ça me laisse … sans voix. C’est dingue. Enfin, je trouve.
Vous pouvez et même devez écouter Alfreido Marceneiro ici (en concert), vous comprendrez l’amour que tout un peuple lui a voué.

Pour en revenir à la série Foodie Love (lien ici) , accessible en replay sur Arte, il raconte, en épisodes de 30 minutes et comme son nom l’indique, la rencontre à Barcelone de deux trentenaires cultivés qui ont pour points communs un certain appétit pour la bonne bouffe, les cocktails, les mets japonais mais aussi leurs secrètes blessures qui freinent leurs violentes pulsions à se jeter l’un sur l’autre. Ce n’est pas mièvre, au contraire, c’est drôle, pétillant, plein d’esprit, de finesse… Le désir affleure mais « s’enfuit de peur qu’il ne se sauve », comme chantait Jane, englouti par des considérations intérieures vite chassées par la remise à niveau de leur histoire d’amour qui « menace de naître » et de les rendre heureux. Il me reste encore deux épisodes mais je peux vous dire qu’une scène des plus torrides ne nous cache rien des possibilités d’accord entre deux corps en fusion. Hot. Les play lists sont aussi appréciables.

Texte © dominique cozette

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