Pour Britney est un très petit livre de Louise Chennevière. Celle-ci était une fan absolue de la chanteuse quand elle était petite. Elle voulait être chanteuse comme elle, elle s’entraînait avec acharnement jusqu’elle tombe de son rêve : une tante lui prédit qu’elle ne serait pas chanteuse. D’ailleurs son père partageait peu le goût de la fillette pour le rouge à lèvres et autres attributs féminins.
Des années plus tard, Louise Chennevière a retrouvé une photo d’elle de l’époque et a réalisé que dès l’enfance, le corps des fillettes est modelé pour plaire aux « vieux » mâles. Et d’adjoindre au sort de Britney, confisquée de sa vie par son propre père, un mec avide et odieux qui la tenait sous tutelle, celui de l’écrivaine Nelly Caplan (son ouvrage devenu culte est intitulé Putain), elle aussi tellement soumise au diktat masculin qu’elle finit par se suicider. « La beauté des femmes ne sert à rien si elle n’entre pas dans le goût d’un homme », écrit Caplan.
Ce livre arpente ce douloureux territoire de l’hypersexualisation des petites filles au corps morcelé à l’envi pour le désir des hommes. Je signale que la lecture de cet ouvrage est difficile, fait de très longues phrases avec ponctuation décalée, non conventionnelle voire déstructurée, surtout par un usage original de virgules placées bizarrement, et malgré la force du texte, cela m’a pas mal perturbée.
Pour Britney de Louise Chennevière, 2024 aux éditions P.O.L. 132 pages, 15 €.
Texte © dominique cozette