En voilà une bonne idée ! Comme pour les clopes. En finir avec le culte de la personnalité, les bashings attachés au physique, au sexe, à l’accent, au vêtement, les insultes ciblés, les a priori. Nos politiciens, on ne saurait même pas à quoi ils ressemblent. Ça serait juste écrit « politicien », avec, en petit, leur composition ou le nom du parti, et de grosses inscriptions anxiogènes : « l’abus de discours peut endommager votre libre-arbitre », « voter pour une personnalité tue votre discernement ».
On aurait juste des personnes neutres qui énonceraient les programmes, tous les programmes, rien que les programmes et un collège de citoyens chargés de cocher les promesses tenues. Au bout d’un temps déterminé, si la moitié des promesses ne sont pas honorées, le politicard générique est viré et remplacé par son suivant sur la liste.
Comme ils seraient génériques, ils ne se prendraient pas pour des stars médiatiques. Ils ne passeraient à la télé qu’à travers un système de dépersonnalisation, comme certains interviewés qui demandent à rester anonymes. Ils ne se déplaceraient plus en cortèges, ne jouiraient plus de ces immenses privilèges qui nous les rendent antipathiques. Ainsi, leur situation ne serait plus aussi enviable et beaucoup préfèreraient mener une vie classique, laissant la politique aux vrais mordus de la chose, aux aficionados de la mission à accomplir.
Alors, bien sûr, les rencontres internationales seraient rendues difficiles mais, puisqu’on dit qu’un président ne peut plus gouverner, on enverrait à sa place un très bon comédien, mâle ou femelle, qui parlerait anglais, arabe ou chinois couramment et qui aurait appris les éléments de langages nécessaires à la rencontre.
L’honnêteté pourrait reprendre ses droits et la langue ne plus être de bois. Dans les talkshows, on ne les ferait plus jouer à des jeux stupides ou répondre à des questionnaires débiles. Génériques, les politicards redeviendraient sérieux, professionnels, crédibles et ennuyeux.
N’est-ce pas la meilleure idée de la semaine ?
Illustration © dominique cozette