Ce bon vieux Jim H. nous ressert ses passions : la pêche à la truite, la nature, les fesses des femmes et les culs des bouteilles. Il s’incarne cette fois en flic à la retraite, fatigué de la nature humaine et de ses vils penchants dont il ne s’exclue pas l’usage, lubrique qu’il est en permanence, guettant le cul de sa voisine pendant son yoga, lorgnant le corps de sa fille adoptive elle-même nympho s’offrant à son beau-père, donc vieux queutard alcoolo qui, voulant se retirer peinard dans un cabanon pour pêcher, se voit confronté à la violence inouïe de ses nouveau voisins, les Ames, amoraux, feignants, incestueux, brutaux. Lui-même tombe amoureux de la jeune fille de la famille, la seule qui sache cuisiner, quarante ans de moins mais initiée dès le plus jeune âge à la sexualité par les mâles de son sang. Il l’installe chez lui en ville puis l’embarque au Mexique dont elle rêve. Elle se dit enceinte du lui.
Son grand amour reste son ex-femme qui l’a quitté car il était trop pénible à vivre mais qui continue à le voir, recevoir ses confidences, le rasséréner si besoin est. Ils iront ensemble en France, à Paris. Vont-ils renouer les liens ténus du désir ?
Ce bouquin où il s’interroge sur sa valeur mentale et les péchés qui l’ont marqués dans son enfance, manque un peu de fluidité. Certains événements arrivent brutalement dans un paragraphe sans qu’on y soit préparé alors que des passages s’étirent langoureusement sous nos yeux, notamment dans les descriptions de la nature, les oiseaux, les paysages, la pêche bien sûr.
Ce roman est aussi l’occasion pour Jim de nous envoyer quelques nouvelles de l’Amérique et ses occupants, les armes, la maltraitance infligée aux enfants, la vie stupide qu’on mène. Il y a toujours quelque chose à prendre chez cette vieille icône francophile, mais ça s’amenuise et il ferait peut-être bien de freiner sur le domaine Tempier (cité encore dans ce livre, un de ses vins préférés). Pour ce qui est de la couverture du livre avec cette petite jeune femme rouquine, je ne vois pas très bien le rapport. Mais enfin, il y a des gens chez les éditeurs qui sont payés pour ça, ils doivent savoir ce qu’ils font, non ? Non !
Péchés capitaux par Jim Harrison, 2015. Flammarion, 350 pages, 21 €.
Texte © dominique cozette – Photo © JL Bertin