Mon mari

Je ne vais pas vous parler du mien, de mari,  mais de celui que Maud Ventura décrit dans ce livre au titre éponyme. Jadis, j’avais commis « ma femme », fièrement publié chez Grasset, où je débinais, en tant que mari, les exigences d’icelle qui voulait un chien, puis un bébé, puis travailler etc.
Ici, ce n’est pas du tout ça : cette narratrice de femme est tellement amoureuse de son mari qu’elle est tétanisée par le fait qu’il ne semble l’aimer autant qu’elle. Si elle lui prend la main en regardant la télé, il la lui retire cinq minutes plus tard. Quand il rentre du boulot, il ne l’embrasse pas à pleine bouche. Il ne lui offre aucun cadeau matériel (qu’elle pourrait garder) mais des séjours à Venise, des voyages etc. Quand ils ont fait l’amour, il lui tourne le dos et s’endort aussitôt. Bref, elle a un mari parfait qui gagne très bien sa vie, qui l’a épousée malgré son niveau social modeste, qui s’occupe parfaitement des enfants et des fêtes d’anniversaires de ceux-ci, qui leur fait des gâteaux, qui est fidèle même s’il dévore d’autres femmes des yeux, qui est beau. Ils ont une très belle maison et des amis formidables mais… elle n’est pas si heureuse qu’on le croit.
D’ailleurs, à chaque fois que son mari commet une faute, elle le note dans son carnet et lui attribue une peine, genre elle lui cache son portefeuille ou ses clés de voiture, ne l’embrasse pas pendant trois jours etc… Le meilleur de l’histoire, c’est qu’elle le trompe. Non qu’elle ait particulièrement envie d’un autre homme, quoique ça change, mais à chaque fois, son mari lui fait l’amour comme s’il flairait un danger.
Bon. J’entends partout dire que c’est roman hilarant. Non, pas vraiment. Il est même parfois répétitif et nous ramène dans les années cinquante aux USA où les femmes devaient être  parfaites, soignées, avec la bonne couleur de cheveux, la robe qu’il faut, le maquillage adéquat. Au second degré, c’est assez drôle surtout que… l’épilogue est totalement inattendu : c’est la vraie trouvaille du livre. C’est un premier roman, tout est pardonnable !

Mon mari de Maud Ventura, 2021 aux éditions de l’Iconoclaste. 360 pages, 19 €

Texte © dominique cozette

 

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