Les 14 voyages de Mauvignier

Dans son dernier roman, Autour du monde, Laurent Mauvignier nous embarque en fait dans la tête des gens de chacun de ses récits qui pourraient être des nouvelles mais qu’il s’ingénie à relier entre elles. Le prétexte fallacieux du tsunami japonais n’a pas cet effet papillon attendu, non, c’est juste que tout ce qui arrive de lourd, de tragique, de complexe aux différents héros se passe à ce moment-là. Parfois, le tsunami joue un rôle dans l’histoire, la première où un type embarque une nana tatouée et pleine de cicatrices, sorte de punk adulte et succombera à la vague. Pas elle. Parfois, ce sont juste des images à la télé qui touchent plus ou moins les gens notamment les derniers, en voyage à l’étranger, qui cherchent à cacher à la fillette la catastrophe car sa mamie habite là.
Pour tout le reste, il y a l’Afrique, la Californie, Moscou, les Bahamas et ce qui m’a impressionnée dans de livre, c’est la puissance d’évocation des sentiments des personnages, de leurs implication et questionnements dans ce qu’ils vivent, de leur profondeur. On a l’impression que Mauvignier tient un scalpel et qu’il dissèque jusqu’à la moelle de l’os ce qu’il se passe en eux. Et pourtant, je ne suis pas fana des nouvelles, je les fuis même car je n’ai pas la sensation de m’attacher aux personnage. Ce qui n’est pas le cas ici. Leurs reliefs sont tellement détaillés qu’on a envie de tout savoir, de tout connaître sur leur histoire. Et d’une pirouette, d’un prénom, Mauvignier nous envoie vers quelqu’un d’autre. Rien de forcément palpitant à première vue mais qui le devient petit à petit comme sur une photo lentement dévoilée. Très bel exercice.

Autour du monde de Laurent Mauvignier, 2014 aux Editions de Minuit. 372 pages, 19,50 €

texte © dominique cozette

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