Le chardonneret, petit titre pour bouquin hénaurme !

Ça commence très mal pour Théo, le héros de Donna Tartt, paumé et dans un sacré sale état à Amsterdam. Il va nous expliquer pourquoi sur 800 pages, de façon sobre mais palpitante, oui, c’est possible, c’est une question de style et l’auteure n’en manque pas.
Je ne vous spoilerai pas l’histoire, voici juste ce que l’on apprend très vite dès le début : notre ado, 13 ans, qui vit avec sa mère à New York et dont le père s’est enfui lâchement sans  donner signe de vie, est convoqué avec sa mère au collège car il a fait une bêtise. Il se met à pleuvoir des seaux et ils se réfugient au musée, où ils vont souvent notamment pour se repaître de ce tout petit tableau très rare de 1654, le chardonneret. Dans la salle où il est accroché, Théo est vistime d’un coup de foudre pour une fillette accompagnée d’un vieillard, tandis que sa mère l’attend à la librairie. Mais une bombe explose. Un terrible attentat. Quand il reprend ses esprits parmi les ruines et les gravats, le vieux monsieur mourant lui donne sa bague, un bijou ancien, et lui demande d’emporter le tableau pour le mettre à l’abri. Nous savons que sa mère est morte, mais pas lui.  Il l’apprendra de longues heures après, chez lui, auprès du téléphone, avec le petit tableau. C’est déchirant.
Comment pourra-t-il se consoler de la mort de la personne qu’il aime le plus au monde ? Comment pourra-t-il retrouver une sorte de plaisir de vivre ? Que pourra-t-il attendre de l’avenir quand rien ne semble avoir de goût ou de sens ? Comment pourra t-il se (re)construire ?
On va voir ce garçon désespéré pousser comme une mauvaise herbe, sans aucun moment de répit par rapport à son chagrin, traverser de périlleuses situations, faire de drôles de rencontres, obsédé par l’image de sa mère et par le chardonneret. Puis, un jour, vers la trentaine, se retrouver coincé à Amsterdam, empêtré dans une très très sale histoire dont l’issue paraît tragique.
Ce pavé saignant, le chardonneret,  écrit par Donna Tartt —  un livre tous les dix ans dont le célèbre Maître des illusions —  a reçu le prix Pulitzer. Un best-seller. Un roman dingue, dense et fluide, extrêmement documenté sur les sujets narrés, peinture, restauration de meubles précieux, drogues, trafic divers… néanmoins jamais rasoir. Un plaisir intense qui illumine les nuits de ceux qui dorment peu ou les journées de qui veut se relaxer dans un hamac. Je vous le conseille très très fortement.

Le Chardonneret de Donna Tartt, aux éditions Feux Croisés. 2013 (2014 pour la France). 796 p. 23 €. C’est donné !

Texte © dominique cozette

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