La peau des fesses

Cause à mon cul ma tête est malade, on disait ça, jadis alors je le ressors (à boudin) car la maladie touche le président du sénat dont les lobes cervicaux n’ont assurément pas la même puissance de conviction que ses lobes fessiers. Pensez ! Son bon vieux fauteuil était usé d’avoir été ratiboisé par le poids de la bête lestée repas après repas de saines ripailles gauloises bien grasses, bien luisantes, comme on aime quand on est viandard. Alors un moment, elles se sont mises en grève, les salopes, elles n’ont plus voulu de cette torture et ont menacé de se séparer du maître s’il ne ménageait pas leur confort.
Il a tenu bon, le bougre, on le sait avare de l’argent public, enjoignant tout un chacun à se serrer la ceinture abdominale et faisant de même à sa ceinture abominable pour donner l’exemple.
Mais un jour, un magnifique fauteuil, trop beau pour faire partie du mobilier national dans lequel aurait pu piocher notre porteur de fessiers en colère, vient se pavaner devant Larcher
– Allez, Gégé, vas-y, qu’est-ce que t’en as à foutre ? C’est pas tes sous, d’abord, et puis ton cul mérite le mieux. Après tout, c’est ton outil de travail, tu es dessus toute la journée, non ?
– Oui mais quand même, rétorqua Larcher dans un semblant de vergogne, je vais piquer aux pauvres, là. 40.000 balles…
– Hors taxes.
– Hors taxes ? Aïe…
Et alors, un drôle de bruit se fit entendre, comme on n’en connaît pas : c’étaient les fesses d’icelui qui applaudissaient de ouf tandis que leur petit acolyte, le trouduc, se mit à lancer des fusées pétantes pour accompagner cette fiesta. On se serait cru à la République le jour de la mort de JMLP. Un concert, mes amis.
Notre viandard parlementaire ne put rester insensible à cette explosion de joie. Il dit OK au fauteuil à 40 000 balles horst taxes, emballé, c’est pesé. De toute façon, c’est aussi l’argent des riches qui l’a payé. Faut pas non plus être complotiste.
Il s’assit dedans (ou dessus, je ne sais pas) et se mit à péter de joie.
Aux mécontents qui osèrent le critiquer, il n’avait qu’un mot :
– Occupez-vous de vos fesses.

Magnifique texte © dominique cozette

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