Madelaine avant l’aube

J’aime beaucoup les livres couronnés du prix Goncourt des Lycéens. Madelaine avant l’aube de Sandrine Collette l’est, en 2024, et je me le suis fait offrir par le père Noël. C’est un des romans les plus âpres parmi ceux que j’ai lus récemment, j’ai été prise de court, il faut avoir un sacré moral pour s’embarquer dedans.
C’est néanmoins une superbe écriture qui narre une histoire aux fins fonds d’une région délaissée de tous, où vivent quelques rares familles dans des fermes sans confort et souvent sans sécurité. Car la plupart des hommes qui y demeurent gagnent leur vie, très difficilement, en s’esclavagisant pour une famille de riches, durs, cruels dont un des fils s’amuse facilement à organiser des chasses aux gueux, qu’il exécute, ou, variante à ses loisirs, il viole les femmes de la région en toute impunité.
C’est donc un pays d’une âpreté profonde, des hivers terribles, des sepoirs insensés de récoltes rincés de déluges d’été qui pourrissent les récoltes. L’histoire se resserre autour de quelques familles dont une, issue de la gémellité de deux femmes. Aucune n’est vraiment heureuse. Un mari qui devient un alcoolique violent, une impossibilité d’être enceinte, un désir d’avoir une petite fille… L’une des deux est sèche et sans douceur contrairement à son mari, doux et gentil, qui regrette tellement de ne pas être l’époux de l’autre jumelle aussi gentille que lui.
Et puis un jour, mais je trouve que cela arrive un peu tard dans le libre, arrive une fillette sauvage de dix ans, une petite bête qui sait se défendre si on l’importune. Elle deviendra la petite reine du lieu-dit, adoptée par Rose, une vieille sage. Le récit est narré par le chien, un chien qui va partout avec eux, aux champs, dans les fermes et qui devient vite le clone de la fillette.
Ce qui en fait un roman noir est l’ambiance, le froid, la misère, le risque toujours présent, les morts de faim, de froid, puis la cruauté des hommes.
Un livre très beau et très dur qu’il ne faut pas lire quand le moral est fragile. Néanmoins, le dernier mot du livre est « rire ».

Madelaine avant l’aube de Sandrine Collette, 2024 chez JCLattès. 250 pages.

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