Hier, je suis sorti avec ma dernière conquête dans un somptueux restaurant d’un quartier chic de vieux réacs, pour dire comme c’était calme, dont on m’avait affirmé qu’on y dînait gratuitement. C’est pas que je sois radin mais j’aime pas dépenser pour un résultat aléatoire. Un valet gare mon véhicule tandis qu’une sorte de laquais nous installe à une table aux dimensions confortables. Il nous donne la carte : pas de prix sur celle de ma (future ?) prise, et une petite phrase en tête de la mienne : « Ce repas vous est offert votre grand-père ». Ce n’est pas précisé lequel mais j’ai ma petite idée.
Donc, sans vouloir forcément pousser le bouchon, nous choisissons le menu gastronomique en même temps qu’astronomique, arrosé des vins fins du siècle dernier, sélectionnés par le sommelier.
Nous passons là trois heures merveilleuses.
Au moment de me lever, je suis arrêté dans mon élan par le chef de salle, avec classe certes. Il me dépose un coffret en cuir qui contient … la note. Là, je fronce les sourcils
– mais, je ne comprends pas, je croyais que ma note était réglée par mon grand-père !
– Tout à fait Monsieur (il s’incline. Je me dis ouf). Mais ceci est la note que vous devez régler pour votre petit-fils.
Cette anecdote pour parler de la dette. La fameuse dette ! On nous dit qu’elle sera payée par nos petits-enfants. Mais comment vont-ils faire, nos pauvres petits-enfants ? Hé bien, ils la refileront à leurs petits-enfants… Ainsi va le monde.
Texte et dessin © dominique cozette