Journal d’un vide

Dans ce livre, Journal d’un vide, madame Shibata est une trentenaire employée dans une entreprise de contrôle de tubes en carton. C’est d’autant moins passionnant comme job qu’étant la seule femme de toute l’équipe, c’est à elle qu’incombent les tâches dites féminines dans les sociétés machos comme le Japon : rangement des salles de réunion, café à faire, à servir, à débarrasser etc. Un jour, elle en a marre, la vision et l’odeur de mégots dans un fond de café l’écœurent, alors, pour couper court à cette corvée, elle déclare qu’elle est enceinte et que cela lui donne des nausées.
Elle n’est pas enceinte, elle vit seule, n’a pas de liaison. Elle travaille face à un employé comme elle qui ne cesse de l’observer, de la scruter.
Elle tient bon. Du coup, elle accède aux privilèges réservés à son état : quitter tôt, être respectée, ne plus accepter certaines tâches. Elle découvre les heures de pointe de l’après-midi mais aussi le plaisir de trouver encore des produits frais au super market et d’avoir le temps de cuisiner, et même de prendre des cours de gym prénatale.
Il lui faut adapter son physique au mensonge. Ça commence par des tissus enroulés sur son ventre puis, comme elle mange beaucoup et qu’elle grossit, elle s’en passe. C’est un peu là où le bât blesse, ainsi que la séance d’échographie. Tout ça manque un peu d’explications crédibles. La fin est un peu schématique aussi. Certes, ce n’est pas un chef d’œuvre mais l’intérêt de cette fable est de nous faire découvrir le monde du travail au Japon où la femme a encore fort à faire pour une certaine égalité…

Journal d’un vide d’Emi Yagi, 2020. Traduit par Mathilde Tamae-Bouhon. Aux éditions de poche 10/18. 212 pages, 8,60 €.

Texte © dominique cozette

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