Feu

Sortie de la deuxième sélection Goncourt mais encore dans celle du Renaudot, à ce jour, Maria Pourchet mérite d’être couronnée. Son livre Feu m’a conquise. Pourquoi Feu ? Pour moi c’est clair, il s’agit de feu au cul dans lequel se consume l’héroïne Laure pour Clément. Ce feu n’est pas vraiment justifié, ils ne sont pas faits pour s’aimer. Laure, la quarantaine, prof d’université, est mariée sans histoire avec un médecin, ils ont deux filles dont la première, Véra, ado véhémente, est née d’une erreur de jeunesse, ils vivent dans une jolie maison. Clément bosse à la Défense, il est trader dans une banque qui va mal, la porte de sortie lui fait de l’œil, son boulot ne l’intéresse pas, la seule chose qui l’intéresse c’est son gros chien, trouvé, qu’il a appelé Papa pour emmerder sa mère. Il n’attend rien de personne ni de lui-même, encore moins de la vie. Quant à l’amour…
Les chapitres alternent. Laure se raconte à la deuxième personne. Elle se voit tomber amoureuse de cet homme, peut-être parce qu’elle aussi a besoin d’une étincelle pour la rallumer. Avec son mari, c’est routine et compagnie, sa grande fille fait la révolution en chiant dans les plats de je ne sais plus quel raout, alors oui, il faut que quelque chose de fort lui arrive. D’ailleurs, quand elle sort des rails, il arrive qu’elle entende  sa mère lui faire la morale ou sa grand-mère s’ébaubir.
Clément n’est carrément (et définitivement) pas prêt. Il baise quand il veut et qui il veut, il est suffisamment bien de sa personne pour arriver à ses fins pour des coups d’une nuit ou des relations tarifées, et ça lui convient. Mais Laure s’agrippe à lui. Alors oui, un jour ils baisent vite fait dans des hôtels, dans la voiture, où ils peuvent. La première fois,  il tombe en panne. Elle s’en fiche, comme les femmes en général. Après ça marche mieux. A part ça, rien d’autre, ils échangent via leurs smartphones, parfois elle le quitte brusquement parce qu’elle ne se sent pas désirée, parfois c’est lui, fuir le bonheur avant qu’il s’installe.
Raconté comme ça, c’est pas très palpitant, c’est l’écriture qui l’est. Les fioritures. Les descriptions. Ce qu’ils font ou ne font pas, leurs satellites, mari et enfants, patron et collègues, parents etc. Et c’est très incisif, jusqu’à la frustration de ne pas s’étendre plus, parfois. D’ailleurs, on ne peut pas dire que ce soit réjouissant, cette ambiance, rien de cool ou de drôle ou d’émouvant. L’autrice dit qu’il s’agit d’une histoire d’amour, je trouve qu’il s’agit plus d’une histoire de désir, de palliatif à leur vie sans relief.
Je ne sais pas comment vous convaincre que ce bouquin est super, tant pis, il y a des jours où je manque d’entrain. Désolée. Ce livre est pourtant super !

Feu de Maria Pourchet, 2021, aux éditions Fayard. 360 pages, 20€.

Texte (lamentable) © dominique cozette

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