La guerre civile est déclarée de Christophe Paviot est un livre qui peut passer pour être rasoir, au départ. Car le héros, Arnaud, est non seulement fade, à part un oeil crevé, mais fait tout pour être transparent. Au yeux de tous, collègues, amis, amies, parents. Il joue les passe-muraille, reste sous contrôle, sauf une petite fois où il se permet une violente critique.
Il bosse dans une boîte du tertiaire, une plate-forme d’assurances où le stress est de rigueur, avec un patron pour le moins pesant et où l’absence de relief pour ne pas dire la routine y est minutieusement décrite.
Mais, rassurez-vous, tous les détails de la vie du héros qui pourraient paraître ennuyeux sont au contraire les éléments-clés qui nous expliquent pourquoi, et surtout comment, il va entrer en action, se rebeller contre cette société tyrannique et imbécile, qui fait la part moche aux gens ordinaires. Ce qu’il souhaite, c’est que la peur distillée par les élites, les gradés, les bien placés, change de camp. Qu’elle s’inverse. Que ces nantis soient à leur tour effrayés par ce que peut faire un homme ordinaire, sans histoire, sans problème marquant, pour leur pourrir la vie. Et c’est extrêmement réussi. On le voit dans ses préparatifs pour déjouer les surveillances (Paviot s’est très bien documenté) et mettre en oeuvre ses attentats en prenant garde qu’aucune personne ne soit touchée. Même s’il réussit à semer l’angoisse dans la ville de Rennes, tout ne peut être maîtrisé au cm près.
C’est un univers de l’extrême solitude, de la marginalité recherchée, du lien coupé que CP nous raconte et en même temps que le coeur palpite d’inquiétude, le fond reste extrêmement déprimant. Très bon livre.
La guerre civile est déclarée de Christiphe Paviot aux éditions dialogues. 2013. 254 p. 19,90 €.
Texte © dominique cozette