Toit toit mon toit !

Joy Sorman, dans son livre Gros Oeuvre (2009) raconte 13 habitations.  Précaires, artistiques, mobiles, bricolées qui posent la même question : c’est quoi, habiter ?
Elle y parle de  Sam qui a passé 27 ans à construire sa maison seul,  au soleil du sud, afin d’y être père et qui a utilisé les meilleurs matériaux pour qu’elle dure le plus longtemps possible.
Elle y livre le défi selon lequel il fallait construire sa maison en une nuit pour qu’elle vous appartienne.
Elle vous décrit comment on vit dans un mobil home dans la friche de la Goutte d’Or ou dans les capsules japonaises toutes faites.
Elle nous apprend ou nous rappelle la folle aventure de Jean-Pierre Raynaud, très grand artiste contemporain, qui a cessé d’aimer sa femme le jour où ils ont emménagé dans la maison  qu’ils avaient faite ensemble pour y accueillir les futurs enfants : ils se sont séparés , et il a tout refait au cordeau, il a maçonné tout le mobilier, obturé les fenêtres et a tout recouvert, tout, de carrelage blanc. Il y a vécu. Parallèlement, en tant qu’artiste, il est devenu célèbre. Sa maison étant alors considérée comme une œuvre, il l’a fait visiter. Mais ça l’a vite dégoûté, toutes les souillures des gens sur ses carreaux blancs. Il a alors tout repeint  en kaki et a entouré sa maison de barbelés pour en interdire l’accès. Son entourage appréciant moyennement, il l’a de nouveau repeinte, tout en blanc et s’est installé à Paris, laissant tout tel quel. Quelques années plus tard, il y est revenu et a tout détruit, tout réduit en gravats qu’il a placés dans des pots pour en faire  … des oeuvres d’art.
Joy Sorman décrit aussi l’horreur à Sangatte, comment on y traite les migrants, comment ils sont contraints de vivre dans les bois.
Puis elle demande à passer une nuit dans la salle du comité central du parti communiste. On lui accorde une nuit mémorable.
Elle évoque la vie de Samir, ouvrier spécialisé dans les toitures, qui habite en clandestin dans les Sonacotra de chantier. Il y trouve son confort et parfois il y emmène une fille admirer les toits de Paris.
Elle imagine la suite de la vie de Grisélidis Real, la célèbre prostituée militante : elle aurait acheté un camping-car Mercedes avec un confort insensé, et elle y ferait quelques passes avec un vieux client, dans le plus grand chic.
Elle nous fait découvrir deux jeunes qui fabriquent des cabanes à base de palettes et de cartons, qu’ils installent près des sorties de métro pour qu’on les voie bien. Et qui sont vite récupérés par des sans logis et transportées dans des lieux plus discrets.
On rencontre GMT, un artiste découpeur de maisons qui fait des trous de formes variables dans les maisons ou les immeubles abandonnés. Et aussi un soldat allemand qui vit dans un bunker sur une plage normande
Enfin, elle nous raconte comment un collectif réussit à monter un projet avec les échafaudages Layher. Au début, ils font une sorte de jeu de meccano entre deux immeubles, puis une idée germe : pendant deux mois, 450 volontaires vont s’installer par trois dans des sortes de cases suspendues qu’ils vont construire et aménager avec le matériel fourni, un pack d’affaires défini, plus quelques objets personnels. Aucune intimité d’où nombreux échanges de partenaires, problèmes de proximité et de bruit difficiles à régler puisqu’il n’y a pas de chef, mais une belle aventure de jeunes l’espace d’un été.
Original.

Texte © dominiquecozette d’après le livre de Joy Sorman.
Peinture © dominiquecozette

James Hadley Chase, Swiss made !

Dans le bonus DVD de l’excellent Miss Shumway jette un sort, 1995, de Clara Peploe, épouse Bertolucci, j’apprends de la bouche (oui, forcément, d’où d’autre ?) de Patrick Raynal  que  James Hadley Chase, l’auteur du livre éponyme, n’a  jamais mis un pied au Etats-Unis ni au Mexique où se situe l’action de cette histoire abracadabrantesque. Monsieur Chase vivait tranquillement  au pays du chocolat, des comptes secrets, de Guillaume Tell et d’Alain Delon. En Suisse. Extraordinaire, non ? Numéro 16 de la Série Noire, jacquette et couverture cartonnée de rigueur, Miss Shumway jette un sort (Miss Shumway waves a wand) est signé, à l’origine, Raymond Marshall. Un des pseudos de JH Chase lorsqu’il estimait que ce qu’il écrivait n’était pas de la littérature. Duhamel a bizarrement accepté ce roman dans sa collection très fermée, réservée aux  histoires réalistes et logiques, bien qu’il en fût loin puisque son héroïne est une sorte de sorcière capable de transformer un chieur en saucisse et à la faire bouffer par son chien pour avoir la paix. Bon, le chien se met à parler parfois… L’action se situe entre la Californie et le Mexique où la belle miss tombe amoureuse du privé qui la recherche. Elle, c’est Bridget Fonda, très marrante et lui, Russel Cowe, très …cute. Plus une belle américaine (la caisse, jaune, décapotée). Il y a des mygales qui sortent d’une bouche, un oeuf pondu par la miss, des résurrections, deux homos qui se roulent de bien plus beaux patins que ceux de Brokeback Mountain. C’est original, très distrayant, avec de jolies images. C’est tout, juste pour dire que Chase, vraiment, écrivain suisse jamais allé aux USA, moi ça m’en a bouché un sacré coin. Coin-coin !

Texte © dominiquecozette d’après l’entretien de P. Raynal
Dessin © dominiquecozette

C’est obligé de ranger, monsieur Perec ?

« Comment je classe. Mon problème avec les classements, c’est qu’ils ne durent pas ; à peine ai-je fini de mettre de l’ordre que cet ordre est déjà caduc. Comme tout le monde, je suppose, je suis pris parfois de frénésie de rangement ; l’abondance des choses à ranger, la quasi-impossibilité de les distribuer selon des critères vraiment satisfaisants font que je n’en viens jamais à bout, que je m’arrête à des rangements provisoires et flous, à peine plus efficaces que l’anarchie initiale. Le résultat de tout cela aboutit à des catégories vraiment étranges ; par exemple une chemise pleine de papiers divers et sur laquelle est écrit “à classer” ; ou bien un  tiroir étiqueté “urgent 1” et ne contenant rien (dans le tiroir “urgent 2” il y a quelques vieilles photographies, dans le tiroir “urgent 3” des cahiers neufs). Bref, je me débrouille. »
Texte © Georges Perec « Penser/classer »

Photo © dominiquecozette : chambre d’adolescente qui n’a jamais pu rien ranger. Aujourd’hui, elle est archiviste dans une grosse boîte d’assurances et il paraît qu’elle assure grave. Chez elle, c’est devenu nickel, elle a des boîtes pour tout, il y a d’abord eu les boîtes Habitat héritées de sa mère (à l’époque où Habitat était sympa et abordable), puis les boîtes Ikéa de toutes tailles et facilement réassortissables et enfin, pour changer du carton qui finit par s’écrouler, des boîtes Muji en plastique transparent. Quand vous lui demandez si elle a une aiguille, elle ouvre d’abord un placard où sont empilés de ces  grands tiroirs. Elle tire celui des « travaux manuels », elle en sort une boîte à chaussures Camper où est inscrit « couture » sur un morceau de gaffer, elle l’ouvre, sort une petite boîte translucide ou est marqué « aiguilles » et en sort plusieurs étuis à aiguilles de différentes tailles. Et tout comme ça. C’est tuant aussi, d’une certaine façon.

Pas d’accord avec toi, Philippe Djian !

« J’ai rencontré Jerome David Salinger, pour la première fois, en octobre 1965. A cette époque, je le dis à l’attention des plus jeunes, il fallait faire un effort de volonté pour ne pas se suicider. Vous n’imaginez pas comme ce pays était sombre et triste et infiniment cotoneux. N’écouez pas ceux qui vous disent le contraire. J’y étais. Nous partions en lambeaux, nous nous morfondions, nous passions des journées entières à jouer au flipper, à rêver de libération sexuelle, et rien ne frémissait à l’horizon, rien ne nous retenait de nous jeter dans la Seine »
texte © Philippe Djian in Les Inroks du 3 fév 2010 à propos de DJ Salinger.

Ce texte contredit absolument celui que j’ai écrit il y a deux jours (« pas concernée du tout, et alors ? ») où je racontais que le milieu des années 60 était justement une époque bénie. Mio aussi, j’y étais ! Le pays n’était pas sombre, on avait nos musiques de jeunes, nos fringues de jeunes, nos boums, les films de James Dean étaient sortis depuis longtemps, on se marrait au bowling, il y avait Pilote, et Playboy et Lui étaient en vente libre pour les garçons en manque de sexe, ça draguait sec au Wimpy… Peut-être Djian avait-il de l’acné, des complexes terribles ou je ne sais quoi qui l’empêchait de profiter de cette période tellement amusante… En même temps, c’est peut-être grâce à ce mal être qu’il a réussi à devenir écrivain.

Texte et dessin (Djian Nicholsonisé…) © dominiquecozette

Au s’cours, de la littérature !!! C’est du Bove…

« Quand je m’éveille, ma bouche est ouverte. Mes dents sont grasses : les brosser le soir serait mieux mais je n’en ai jamais le courage. Des larmes ont séché au coin de mes paupières. Mes épaules ne me font plus mal. Des cheveux raides couvrent mon front. De mes doigts écratés je les rejette en arrière. C’est inutile : comme les pages d’un livre neuf, ils se dressent et retombent sur mes yeux. »

© Emmanuel Bove (Mes amis) né Bobovnikoff d’un père russe qui ne travaille pas et se partage entre la mère  de ses fils et une Anglaise très bourge. Léon, le cadet et leur mère, ne cesseront de vivre aux crochets de l’écrivain. Léon, terriblement jaloux et amer se demande pourquoi Emmanuel s’est marié puisqu’il les avait, eux. A 80 ans, ce frère ingrat cherchera encore pourquoi Bove les a abandonnés (il est mort depuis belle lurette, en 45).

On fait souvent l’amalgame entre Bove et Henri Calet, de son vrai nom Raymond-Théodore Barthelmess, né le 3 mars 1904 à Paris et décédé le 14 juillet 1956. C’est lui a écrit « ne me secouez pas, je suis plein de larmes ». Voici le contexte de cette jolie citation : « C’est sur la peau de mon cœur que l’on trouverait des rides. Je suis déjà un peu parti, absent. Faites comme si je n’étais pas là. Ma voix ne porte plus très loin. Mourir sans savoir ce qu’est la mort, ni la vie. Il faut se quitter déjà ? Ne me secouez pas. Je suis plein de larmes. »

Dessin © dominiquecozette

Ecrivain, métier à risques selon Beig-BD

« Il est certain que la Quête de Plaisir Fugace diminue l’espérance de vie chez l’écrivain. Jacques Vaché est mort à 23 ans d’une overdose d’opium, Jean de Tinan à 24 de rhumatismes aggravés par une consommation d’alcools frelatés, Georg Trakl à 27 ans d’une overdose de cocaïne, Hervé Guibert à 36 ans du sida, Roger Nimier à 36 ans dans un accident d’Aston Martin, Boris Vian à 39 ans d’excès festifs sur cœur fragile, Guillaume Dustan à 40 ans d’une intoxication médicamenteuse, Guy de Maupassant à 43 ans de la syphilis, Scott Fitzgerald à 44 ans d’alcoolisme, Charles Beaudelaire à 46 ans de la syphilis, Alfred de Musset à 46 ans d’alcoolisme, Albert Camus à 46 ans dans un accident de Facel Vega, Jack Kerouac à 47 ans de cirrhose, Malcolm Lowry à 47 ans d’une overdose de somnifères, Frédéric Berthet à 49 ans d’alcoolisme, Jean Lorrain à 50 ans d’une péritonite consécutive à l’abus d’éther, Hans Fallada à 53 ans d’une dose de morphine, jean-Paul Toulet à 53 ans d’une overdose de laudanum… »
C’est dans le dernier bouquin de Beig-BD, là ousqu’il raconte sa gardav après ligne de coke sur capot. Des écrivains morts tôt d’excès (d’excès de morteaux parfois), il y en a un paquet qu’il a oublié* dans sa liste,  je n’ai pas le temps de chercher. Mais de mineurs, de couvreurs, de rockers disparus prématurément dans des accidents de bibine, substances illicites et dommages collatéraux, pas un mot ! Ah bon ? Il y aurait d’autres métiers à risques en dehors du sien ? Ben oui Fred ! Y a des gens qui vivent des choses aussi atroces que tes 30 heures au dépôt, y a des gens qui travaillent dans des conditions aussi épouvantables que les tiennes et qui ont aussi autant besoin de remontants que toi. Alors tu vois, Fredo, t’es pas tout seul, Fredounet, y en a aussi des palanquées  qui ont subi l’inénarrable choc du divorce parental, et aussi le départ irrémédiable du frère aîné vers sa vie d’homme et puis, Fréfré, qui n’arrivent pas à rester longtemps avec la même femme ô que c’est triste tout ça et aussi… quoi ? Qui ont ton nez et ton menton ? Non, Frédéric, tu es seul dans ce cas, faut assumer mon vieux, tout le monde peut pas avoir en plus un physique traumatisant…

Dessin et fin de texte © dominiquecozette

* Ça fait bizarre de ne pas mettre au pluriel mais il s’agit d’un paquet, n’est-ce pas, comme le paquet fiscal ou le paquet de l’ami du président, Bigard…

Projet pour réchauffer la terre, François Beaune

« En 1912, l’ingénieur new-yorkais Riker suggéra de construire une jetée de 300 km de long au large de Terre-Neuve, afin de modifier la dérive du Gulf Stream. “Les bénéfices de ceci seraient énormes, écrit-il. Toute la glace de l’Antarctique fondrait, ce qui améliorerait le climat mondial de deux façons. L’Europe et l’Amérique du Nord seraient libérées des tempêtes et des courants océaniques glaciaux. Et sans la glace du pôle Nord, le pack de glace du pôle Sud deviendrait la partie la plus lourde de notre planète. La force centrifuge redresserait alors la terre. Avec l’hémisphère Nord dirigé vers le soleil, l’Europe et l’Amérique du Nord pourraient espérer un climat plus doux.” »

Un homme louche. François Beaune (Verticales 2009)
Dessin © dominiquecozette

(J’ai cherché Riker sur Google, sans acharnement, et je n’ai rien vu là-dessus. Encore une invention fumeuse de cet écrivain).

Pourquoi un ventre plat à tout prix ? Hein, Beaune ?

« Précision historique : les premiers restes de ventres plats ont été découverts en Egypte et remontent à environ quatre mille ans. Le ventre plat est une conséquence directe  de l’usage du profil dans les représentations picturales égyptiennes. Archéologiquement parlant, un hiéroglyphe à gros ventre signifiait la femme enceinte, et un hiéroglyphe à ventre plat la femme célibataire, en attente de partenaire. Le ventre plat au fil des temps est devenu une sorte de convention de langage, de sorte qu’aujourd’hui tout le monde comprend bien que les femmes qui cherchent à avoir un ventre plat nous signifient qu’elles sont ouvertes comme des huîtres à toute proposition. »

François Beaune. Un homme louche (Verticales 2009)
Dessin © dominiquecozette

(Ce bouquin est plutôt marrant, atypique, plein de théories fumeuses…)

Beaune : un peu de psychologie féminine

« Parenthèse : ce que c’est que la « psychologie féminine » ? A priori une invention des hommes pour ne pas dire la « connerie des femmes ». Il n’y a rien à chercher dans cet abîme, si ce n’est que la « psychologie féminine »  est devenue une croyance répandue et vendeuse. La femme a des nichons alors elle est tenace. Elle n’a pas de pénis donc aucun sens de l’orientation. Elle peut avoir des enfants ce qui la rend angoissée, lunatique et frigide.
L’invention  de la « psychologie féminine »  semble légitimer des comportements catastrophiques et souvent obscènes, comme l’hystérie ou la désinvolture.
Emma, pas exemple, est une éponge poreuse. Elle ingurgite ce qu’elle entend, puis elle se souvient qu’en tant que femme elle est un peu tête en l’air. Alors elle se force inconsciemment à oublier tout ce qu’elle vient d’apprendre. Ce qui la ramène perpétuellement à son degré zéro et la maintient dans  cet état d’aliénation affligeant qui lui permet d’être un bon coup, une fille pas trop chiante. Fin de la parenthèse. »

François Beaune. Un homme louche (Verticales 2009)

Dessin/peinture © dominiquecozette

Pute incandescente

Oui, ce titre est putassier mais c’est pour attirer votre attention sur un livre assez exceptionnel écrit en 06 et sorti et postfacé en France en 09, qui réinvente la vie de Valerie Solanas. Valerie Solanas ? Oui,  cette féministe radicale  qui tira sur Andy Warhol, le handicapant à vie, et qui est morte toute pourrie, bouffée par les asticots, dans une vieille piaule d’un hôtel social miteux de San Francisco.
Sara Stridsberg, l’auteure, est une belle brune suédoise comme toutes les suédoises. Son roman est fait de déconstructions, séquences, montage chahuté, mélange des styles, réinvention, à l’image de la confusion qui marqua la vie de Solanas. Le traducteur, Jean-Baptiste Coursaud, a fait un superbe boulot.
A vrai dire, cette Valerie Solanas n’a pas eu de pot. Son père l’a violée à partir de sept ans, il semble que son beau-père aussi. Elle a alors décidé de fuir à 15 ans et  pour survivre, elle s’est prostituée. Puis droguée. Intello,  elle a écrit une pièce provocante, « Up my ass », qu’elle n’a eu de cesse de vouloir faire monter par Warhol. Comme à son habitude, il a fait de Solanas son matériau artistique dans deux « films » pas très glorieux pour elle. Mais il n’a jamais donné suite pour la pièce. Il ne la lui a jamais rendue parce qu’il l’a perdue.
Valerie Solanas s’est fait connaître pour son essai « SCUM Manifesto »  où elle prône l’éradication pure et simple des hommes. Sans succès. Douée pour les études scientifiques où elle est admise comme boursière, elle ne sera pas autorisée à créer une société de souris femelles pour illustrer sa théorie anti-mâles. Elle plaque la fac puis recommence ses errances, loqueuse, affamée, mendiant et insultant les passants, vendant pour un dollar son Manifeste ronéotypé, ou son cul, avec toujours son rouge à lèvres sur les dents. Je résume, c’est bien plus énorme que ça. Ça foisonne…
Sara Stridsbert « La faculté des rêves » chez Stock la cosmopolite 2009.

Bonus pour contrebalancer : J’aime pas les filles, par Florence Foresti. CLICK

Texte et dessin © dominiquecozette

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter