Acide, livre d’horreur

Comme il existe des films d’horreur, voici Acide, de Victor Dumiot, un livre d’horreur que j’ai eu autant de mal à lire que le premier Brett Easton Ellis et ses actes supplicieux. Mais il est plus court et pas de supplice à proprement dit quoi que. Camille, une jeune femme, jolie, coquette, joyeuse, attend le métro pour aller à une fête quand brusquement, elle reçoit un jet d’acide en plein visage. Une douleur insensée l’envoie au tapis, tout de suite elle sait qu’elle est fichue, que son visage disparaît, cramé par la chimie. Quand elle sort du coma, elle en veut aux médecins de l’avoir soignée car sa vie entière ne sera qu’une épreuve inhumaine, elle est perdue pour tout, elle devient rien. Sans visage, on sort de la société. Elle souffre terriblement, on ne sait pas qui l’a agressée ni pourquoi, c’est une épreuve supplémentaire. Après un nombre incalculable d’opérations, d’auto-greffes de peau, de tentatives chirurgicales qui souvent tournent court, et malgré précautions et mises en garde, la découverte de son nouveau « visage » lui fait horreur. Personne, même sa mère, ne peut affronter cette vision. Elle est monstrueuse.
Parallèlement, Julien est un jeune homme perdu, victime lui aussi de souffrances passées, qui ne sort plus de chez lui et passe son temps à visiter des sites ultra-pornos et des vidéos du darknet. Il cherche désespérément des sensations d’excitations, il est addict à sa propre souffrance et à celle des autres, il se masturbe en s’en rendre fou. Un jour, il tombe sur la vidéo de l’agression de Camille, une courte vidéo filmée du quai d’en face et se sent incapable d’affronter cette souffrance. Mais il y revient, y revient, peaufine l’image et ne peut plus se détacher de la réaction de la fille qui hurle, qui tombe et dont le visage se détruit. Julien va ne plus avoir qu’un but : retrouver Camille, pourquoi, il ne sait pas, mais c’est la seule motivation qu’il a de vivre.
Camille qui au bout de longs mois, accepte l’horrible proposition d’une greffe un visage. De toute façon, quoi que la science puisse faire, elle restera un monstre, quelqu’un qu’on ne peut pas regarder sans avoir envie de hurler, de vomir et de la plaindre.
Ce livre est très violent, vous imaginez. C’est un premier roman bien écrit, bien documenté sur le thème des grands brûlés, un roman incandescent dur à supporter, à digérer tellement le sort de Camille est dépeint de façon réaliste. Il frappe fort, il se termine d’une façon inattendue, loin d’un conte de fée.

Acide, de Victor Dumiot, 2023 aux éditions Bouquins. 280 pages, 20 €.

Texte © dominique cozette


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