Que fœtus là ? #28

Chez les Iroquois, comme dans d’autres sociétés matriarcales, la société se structure selon la filiation maternelle en familles élargies, les clans. L’enfant appartient au clan de la mère — toute-puissante — qui l’a porté, dont est exclu le géniteur qui reste dans son clan. Le couple e n’existe pas, on ne connaît pas la fidélité, la possessivité, la jalousie, la prostitution et tout autre forme de violence sexuelle. La sexualité est très libre. L’enfant est élevé par les hommes du clan maternel, principalement l’oncle maternel qui sera son premier référent. Le mariage, quand il se produit, n’est qu’un arrangement temporaire.
(Source : Le Mouvement Matricien).

« Que fœtus là » est une série où je m’interroge sur l’origine de l’humanité par le biais du fœtus : Comment es-tu arrivé là ? Qui t’a fait ? Où ? Pourquoi ? Comment ? Etait-ce par désir, par défi, par ignorance, de force, par conformisme, par habitude, par instinct de procréation, par esprit de domination, par accident ?… Cette extraordinaire banalité qu’est la procréation,  j’ai eu envie d’en savoir plus et de la partager. A suivre…(voir précédent article ici)

Texte et illustration © dominique cozette

Dernières nouvelles du cosmos

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’un film, une pure merveille. Un documentaire (bande-annonce ici) sur une personne extraordinaire qui nous a scotchés sur nos fauteuils, tous les spectateurs du cinéma où je viens de le voir, le Luminor, derrière le BHV. Cette personne s’appelle Hélène Nicolas. A première vue, elle ressemble à s’y méprendre à une handicapée mentale profonde. Elle en a tous les symptômes : elle est très mal assurée dans sa marche, elle ne se sait pas bien se servir de ses mains, elle vous considère d’un air béat, bouche ouverte, en riant à l’occasion, ou en se mordant le poignet quand elle n’est pas contente. Et surtout, elle ne parle pas. Elle mange la bouche grande ouverte, se trimballe avec une grosse bouée imprimée pneu autour d’elle. Elle semble avoir 15 ans, un an d’âge mental mais en a trente.

Cette jeune femme a été diagnostiquée autiste très déficitaire dans son enfance. Sa mère n’a jamais pu avoir de contact avec elle. Comme elle dit : elles ne se connaissaient pas et ne se reconnaissaient pas. La fillette ne touchait rien, passait la main au-dessus des objets, ne se servait de ses mains que pour attraper ses aliments. L’institution spécialisée n’a rien pu faire pour elle. Aucun progrès. A 14 ans, elle est devenue dépendante de sa mère qui a quitté son boulot pour lui apprendre des choses. Quoi ? On ne sait pas, elle ne sait pas mais à force de la stimuler, elle a réussi à trouver le chemin de la communication. Très lentement. Hélène s’est mise à écrire, toute seule, des mots qu’on ne lui a jamais enseignés avec des lettres qu’on ne lui a jamais apprises. Sa mère, une belle blonde fine et rieuse, ne peut rien expliquer. Peut juste aider sa fille à aligner des petites lettres en carton, rangées dans une boîte à cases, pour faire des phrases. C’est long, les lettres sont de traviole, toutes les trois lignes il faut remettre les lettres dans les cases pour continuer. Mais ce qu’on lit, ce qui sort de « la boîte à penser » ou du « cornichon de cerveau » d’Hélène est bluffant. Par exemple :
« Sortir de ma bulle pour entrer dans le cercle aux limites domptées depuis la nuit des temps par le géocentrisme indélébile. Pourquoi ? »
« Opaque lecture, nourricières des uns, meurtrières des autres, avec la même croyance du droit à l’existence. »
« Dans la folie de l’obéissance d’être en vie, j’accuse la gourmandise jubilatoire de mon cerveau de m’inonder du désir impalpable de jouer avec les lettres et raconter l’invisible qui vit en moi. »

De ses textes, des gens de la scène ont créé un spectacle où se mêlent voix, musiques, sons, installations mobiles, lettrages… présenté à Avignon et ailleurs. Et aussi des chansons. Un beau succès. C’est qu’on a affaire à une splendide poétesse métaphysico-surréaliste qui rit en écoutant les autres dire ses mots. Elle jubile. On s’attache, on a envie, comme un mathématicien auquel elle a posé une colle vertigineuse, de caresser ses joues pleines, de se faire imprimer par son regard intense qui ne cille pas et en dit long sur son pouvoir d’incorporation de l’autre, et de lui faire des guilis.
Ce film, dernières nouvelles du cosmos, est l’un des plus beaux que j’aie vus. Jubilatoire, enthousiasmant, extraordinaire. Après, je me suis ruée au BHV pour acheter son livre : Algorithme éponyme.
Son nom d’artiste est Babouillec.
Elle ne fait jamais de fautes d’orthographe.
Le film est de Julie Bertuccelli.
Il se joue dans peu d’endroits. Il va passer à Ivry dès mercredi, au Luxy. Et j’espère ailleurs.
Une pure merveille, vous dis-je.

Algorithme éponyme et autres textes de Babouillec, 2016 aux éditions Payot et Rivages. 140 pages formidables, 15 €.
Dernières nouvelles du cosmos, film de Julie Bertuccelli.

Texte © dominique cozette

Mémoires d'un bison. Et quel bison !

Il s’appelle Oscar Zeta Acosta mais est plus connu sous le nom de Gonzo dans le bouquin Las Vegas Parano écrit par Hunter S. Thompson sur leurs inénarrables aventures largement dopées et arrosées. Oscar, de son côté, a écrit sa bio en deux livres dont je finis le premier : Mémoires d’un bison. Le bison  — brown buffalo dans le titre anglais — c’est un chicano, moitié mexicain moitié américain et totalement à la masse. Il est gros, il bouffe de la merde junk-foodienne jusqu’à s’en faire vomir et boit du coca pour digérer puis se bourre la gueule jusqu’à en perdre conscience. Il ne bande pas puis après il y arrive et essaie de tomber tout ce qu’il peut mais il connaît ses limites. Sauf que la nuit, quand t’es bourré, tout le monde est désirable.
Après une enfance merdique dans un trou, il fait quelques études et devient avocat des pauvres. Il défend gracieusement la veuve et l’orphelin. Puis brusquement, il largue tout, monte dans sa Plymouth pour tailler la route. On est fin des 60’s en plein révol Q et hippytreries avec toutes les expérimentations imaginables sur toutes les drogues. Qu’il supporte très mal même s’il en abuse. Il commet connerie sur connerie et rencontre des figures de l’époque, notamment Hunter S. Thompson (King, dans ce livre). C’est un véritable road-movie qu’il nous livre avec descriptions au plus près de ses trips et de ses descentes.
Un jour, il a envie de revoir le pays de ses racines. Il passe alors au Mexique sans papiers et sans savoir parler la langue car il l’a quitté petit. Il en profite pour claquer tout son fric en dope et en alcool avec des putes blondes. Et les ennuis vont lui retomber dessus, il faut dire qu’il les cherche grave. Jusqu’à ce qu’il décide de changer de cap. Il se rend à L.A pour une tout autre vie, mais c’est une autre histoire qu’il racontera dans la révolte des cafards. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il va devenir.
C’est un livre d’excès, tout y passe, sans retenue. C’est assez hallucinant. Mais comme c’est pas la moitié d’un schnock, il y a beaucoup de bonnes idées. Et aussi, l’esprit de cette époque, notamment au début, quand il vit à San Francisco, berceau du moivement hippy.
On ne sait pas ce qu’Oscar est devenu. Il a disparu des circuits en 1974. Son fils a juste reçu un coup de fil lui disant « Fiston, je suis sur le point d’embarquer sur un bateau rempli de neige blanche » et sa trace s’est dissoute.

Mémoires d’un bison par Oscar Zeta Acosta, écrit en 1972. 2013 pour la VF aux éditions Tusitala et chez 10/18. Traduit par Romain Guillou. 332 pages.

Texte © dominique Cozette.

Les Fessebouqueries #333

333 est le numéro de ces Fessebouqueries, ce qui représente le mystère des trois personnes divines. Qui sont-ce ? Faut demander ça aux soutiens du prince des rillettes qui s’y connaissent mieux que moi. En attendant, Hollande s’est retiré pour ne pas faire d’enfant dans le dos du parti, et les petites têtes se relèvent, turgescentes et enthousiastes à l’idée de la fente de l’urne à eux offerte. Ne parlons pas de celle que Fidel Castro s’est enfin résolu à dévoiler pour y déposer la poussière cendrée de la marque aux trois bandes.
– JS : Sacré coïncidence, la droite plébiscite un type qui a exactement le même nom que le mec qui a été 5 ans premier ministre de Sarko.
– CK : Pour 2 euros, de nos jours, quand même t’as pas grand chose…
– JS : Juste pour info, Fillon a recueilli au second tour des primaires le vote de 6,3% du nombre d’inscrits sur les listes électorales.
– OV : Mettre un type qui a toujours detesté les élections dans une urne… Apparemment les cubains aiment l’humour noir.
– CR : On sait enfin de quoi Fidel Castro est mort : il a fait un infarctus en voyant la tête et le CV de l’auteur d’un livre intitulé « Révolution ».
– PAG : David Hamilton ne mettra plus de vaseline sur son objectif. Il a choisi la journée de la violence faite aux femmes pour se suicider.
– ZPV : Il faut maintenant exiger le catéchisme et le jambon dans les écoles.
– PD : La gauche a du sourcil à se faire.
– JS : C’est confirmé : en France, on fait toujours comme aux Etats-Unis avec un peu de retard.
– AG : Je suis très triste on a perdu Baroin et sa voix de slip
– EF : Les hommes sont fascinants.
 Ils matent du foot. Puis une émission qui résume ce match.
 Et puis un expert qui leur explique ce qu’ils ont vu
– DC : Officiel, il y aura deux glands à l’Elysée. L’un au pied gauche, l’autre au pied droit
– MO : FilloN FiloN FioN FiN FN
– GB : Une pensée émue pour les -Femmes -Musulmans -Homos -Fonctionnaires -Malades -Profs d’Histoire -Chômeurs
– AB : Avec un score de 0 voix au second tour de La primaire, Nicolas Sarkozy obtient la minorité absolue nécessaire à sa convocation judiciaire.
– DE : Les financiers auront leur part du catho
– JB : François Hollande, notre Leader Maximou.
– OA : Première mesure de Fillon : les 24h du Mans seront payées 22.
– DT : Castro incinéré. Les Cubains verront pour la première fois à quoi ressemble une urne.
– JB : Comme Mahomet, Hollande ne se représente pas.
– OK : Incroyable, d’après un sondage hiphop chocopop, Hollande devient le politique préféré des français.
– GG : – Maman ça veut dire quoi « Te sourire dehors à Angoulême un Chasse-Spleen Melchior Paris-Seychelles » ? – Que Julien Doré se drogue mon chéri
– NA : Pendant ce temps là Jean-Vincent Placé attend sa nomination au poste de premier ministre à la place de Valls.
– IZ : Hollande s’efface. Mais est-ce à dire que Fillon s’épile ?
– NA : [ Insolite ] Des traces de sperme aperçues sur les vitres à Matignon dans le bureau de Manuel Valls.
– CC : Sans surprise la cour administrative d’appel a suspendu l’arrêté « ADN et crottes de chien » de Ménard. Un si joli projet.
– MK : Hollande : « Manuel m’a tuer ! »
– DC : François, si tu reviens, j’annule rien !
– OK : Je vois les mines réjouies suite au renoncement de Hollande, mais vous ne viendrez pas pleurer quand il y aura la sécheresse.
– OM : Saluons le courage politique et la dignité de François Hollande qui renonce sans trembler aux 12 électeurs qui auraient voté pour lui.
– ZPV : À mon avis le film avec les saucisses va entraîner une recrudescence des attentats anti-charcutiers.
– BP : (bernard pivot) ‏ : Fillonner: arriver quand on ne vous attend pas. Hollander: partir quand on ne s’y attend pas. La politique, c’est du théâtre.
– NP : Suite à la décision de Hollande, Jean-Vincent Placé tient à faire savoir qu’il a toujours eu beaucoup d’estime pour François Fillon.
– CC : Dans son pashmina, Christine Lagarde, complètement beurrée en fin de cocktail : « Nous devons nous atteler à la lutte contre les inégalités »
– JFH : Il y a 15 jours j’ai payé 2 euro pour expulser Sarkozy de la politique, là c’est Hollande qui part et c’est gratuit. J’ai compris le socialisme
– ZJ : On a enfin une inspiration sérieuse pour inventer la machine à remonter le temps : Les anti-IVG.
– JPT : Après tout, on ne pourra pas reprocher à Fillon d’abroger un jour les lois que Hollande n’a pas fait passer : PMA, GPA, euthanasie, suicide assisté, vote blanc… Je continue ?
– DC : Hé Dominique Strauss-Kahn, c’est peut-être le moment d’attraper Marianne par la chatte, non ?
– JB : « C’est Hollande qui va au ski, et au moment d’acheter sa place pour monter sur les pistes, il déclare forfait »
– JPT : Pourquoi les hommes politiques ne sont-ils jamais meilleurs que lorsqu’ils se cassent ? Ceux qui restent devraient prendre exemple et se casser aussi.
– OM : Le Texas imposera désormais des funérailles après chaque avortement.  Et après une branlette, on fait quoi ? On incinère le Kleenex en écoutant du Céline Dion ?
– JM : Y’a tellement de surprises en ce moment en politique que je me suis préparé à vivre un mois entier sans mise en examen de Balkany.
– PD : Le footballeur défiscalise comme un pied. Comme dirait le comptable, c’est le but.
– RR : Alexandre Jardin candidat. La révolte des briques de lait est en marche.
– VS : Les gens qui s’offusquent qu’Alexandre Jardin soit candidat et qui trouvent normal que Fillon ou Le Pen le soit.
– LC : Mon astuce cet hiver pour éviter d’avoir les lèvres gercées, c’est de mettre une culotte.
– MR : Cela fait deux jours qu’il n’y a eu ni candidature ni renoncement dans la course présidentielle. On s’ennuie.

Illustration © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

Que fœtus là ? #27

Au Nicaragua, la très grande majorité des filles qui se retrouvent enceintes à la suite d’un viol  ont entre 10 et 14 ans. Une loi de 2008 érige l’avortement en infraction même pour les victimes de viol ou d’inceste. Elles n’ont pas d’autre choix que de mener leur grossesse à terme ou de se faire avorter illégalement, dans de très mauvaises conditions sanitaires en risquant la prison si leur acte est découvert.
(Amnesty International)

« Que fœtus là » est une série où je m’interroge sur l’origine de l’humanité par le biais du fœtus : Comment es-tu arrivé là ? Qui t’a fait ? Où ? Pourquoi ? Comment ? Etait-ce par désir, par défi, par ignorance, de force, par conformisme, par habitude, par instinct de procréation, par esprit de domination, par accident ?… Cette extraordinaire banalité qu’est la procréation,  j’ai eu envie d’en savoir plus et de la partager. A suivre…(voir précédent article ici)
Texte et illustration © dominique cozette

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