
Plus beau bébé du monde, puis plus belle petite fille de toute l’école, Héloïse est aujourd’hui à tomber. Une beauté incandescente, un regard insoutenable, une attractivité hors du commun, hommes / femmes/ enfants. Un problème ? Oui, bien sûr. THE problem : en arrêt sur image, en photo quoi, elle est d’une rare laideur. Repoussante. Nul ne peut l’expliquer. Combien pourtant ont tenté LA photo où elle serait enfin elle-même. Balpeau. Amateurs, professionnels, Harcourt, elle-même, tous ont échoué. Sur chaque photo : hideuse. Ça semble idiot, comme ça, mais imaginez la vie de cette pauvre Héloïse que tout le monde veut immortaliser, obligée de se cacher des objectifs, des téléphones portables, de se porter pâle dans les fêtes et les mariages sous peine de laisser d’horribles souvenirs ! Pour ses papiers, on a toujours fait faire son portrait par un hyperréaliste, sinon, elle ne passait pas les douanes. Et voilà qu’un jour, elle entendit parler de son négatif, un homme d’une laideur accablante mais d’une beauté hors norme sur chaque cliché. Vie cauchemardesque itou, pour la raison inverse. Ils se trouvèrent, se firent tirer le portrait, lui de face, elle de dos contre lui et décidèrent d’unir leurs malheurs. Ils ne furent jamais très heureux et leur vie s’écoula au rythme des milliers de photos que le mari continuait à s’infliger chaque année. Ils ne firent pas d’enfants, pas de fêtes, pas de vagues. Ils disparurent peu à peu à la manière d’un fading out de cinéma. Il n’existe aucun portrait d’elle. Frustrant / excitant / déroutant. Mystère…






Rotterdam-based photographer Ari Versluis and profiler Ellie Uyttenbroek have worked together since October 1994. Inspired by a shared interest in the striking dress codes of various social groups, they have systematically documented numerous identities over the last 14 years. Rotterdam’s heterogeneous, multicultural street scene remains a major source of inspiration for Ari Versluis and Ellie Uyttenbroek, although since 1998 they have also worked in cities abroad.


