1955 racontée à mes amis blecteurs*

En 1955, la mallette tourne-disque sonne le glas des 78 tours.
Le slow le plus baveux de tous les temps, Only you, des Platters, commence à mouiller les culottes tandis que celle de Marilyn est coupée au montage de 7 ans de réflexion par les ligues de vertu, et que les danseuses de be-bop exhibent les leur sur Rock around the clock de Bill Haley.
Screaming J. Hawkins et Little Richard font un concours de chanteurs hurleurs tandis que Gilbert Bécaud, après la casse des fauteuils de l’Olympia, devient M. 100 000 volts.
Elvis signe un contrat fabuleux de 5000 dollars et se voit offrir une brand new Cadillac.
Johnny apparaît à l’écran, à 12 ans et à la loupe, dans les Diaboliques de Clouzot. Une radio voit le jour depuis la Sarre : c’est Europe n°1. Mais le déserteur de Boris Vian est censuré sauf que Mouloudji en atténue les paroles.
Churchill se retire pour peindre, maçonner et fumer ses gros cigares. Le général de Gaulle aussi mais sans truelle ni pinceau.
C’est dans l’Illinois que débute l’obésification de la planète avec Mac Donald, le premier fast-food mais c’est en Californie que James Dean se crashe à 24 ans au volant de  sa Porsche 550 Spyder, entre L.A. et Salinas. Dans le New-Jersey où il vit, Einstein cesse de tirer la langue alors que Nicolas de Staël pose ses brosses pour se suicider du côté d’Antibes. Claudel enfile son soulier en satin et met deux pieds dans la tombe, à Paris.
Paris où Minou Drouet, poétesse de 8 ans, fait polémique,  et où Dior et Coco Chanel battent leur plein (oui, c’est le bon pluriel).
En juillet, on entonne tous « vas-y Bobet » et il y va, à la victoire. En septembre, c’est au tour de Fangio à Monza sur Mercedes.
En France, on est encore branché grave Luis Mariano, Philippe Clay, Georges Brassens ou Line Renaud alors qu’ailleurs, on swingue déjà sur le Gigolo de Louis Prima et le Guitar Boogie d’Arthur Smith.
Sinon, on roule en DS, on vole en Caravelle, on trimballe son transistor, on parle de train à 300/h et de voyage sur la lune.
Quant à moi, je n’arrive pas à convaincre ma mère de me laisser pousser les cheveux, c’est un monde !
* Blecteurs = lecteurs de blogs

Texte et dessin © dominiquecozette. Source : Les années Rock’nRoll de Rodolphe, éditions Chronique. 2008 (Chouette bouquin bourré d’images ).

Une réflexion sur « 1955 racontée à mes amis blecteurs* »

  1. Et en 1955 je n’étais pas née mais du coup c’est pas grave parce maintenant je sais tout ce qui s’est passé d’important cette année-là 😉

Les commentaires sont fermés.

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