Un pur délice, ce petit ouvrage

J’avais eu l’occasion de faire connaissance avec Clémentine Mélois qui est, en plus d’autrice, une plasticienne, dans une expo de St Germain des Prés où elle exposait des fausses couvertures de livres. C’était bien réalisé mais j’avais déjà vu sur les réseaux ce concept satirique, du coup bon. Mais on vient de m’offrir ce petit ouvrage intitulé Dehors, la tempête, expression tirée de Mythologies de Roland Barthes. Ceci donne le ton du livre qui est une sorte d’ode à la littérature ou à la pensée littéraire ou à la pensée tout court. C’est extrêmement plaisant à lire, ce sont des petits chapitres où Clémentine Mélois évoque, par exemple, ce qui pourrait être encore merveilleux pour nous, de nos jours, et pourquoi nous avons perdu le sens de l’émerveillement, non seulement de celui de nos ancêtres (qui n’en revenaient pas que l’on pût griller ensemble deux poissons venus de deux régions maritimes éloignées), mais aussi de notre enfance avec ses petits rêves que, plus tard nous ne réaliserons pas (par ex. manger un paquet de chamallows avant de dîner, ne pas me brosser les dents, de regarder cinq films d’affilée…).
Un autre chapitre sur des questions saugrenues : est-ce que Pablo Neruda laissait de côté la croûte de sa pizza, est-ce que Saint John Perse mâchouillait le bout de ses styles. Ou un autre sur les gens dans le même train qu’elle et ce qu’elle dit sur eux, tout ça avec un humour d’une belle finesse. Ou aussi des questions plus personnelles avec comment elle organise sa bibliothèque et comment « lui » le fait. Elle cite une liste de phrases de la vie moderne qu’aucune personne n’aurait comprises il y a des décennies (j’ai bloqué un troll sur Insta. Il a je ne sais combien de followers…) et nous fait découvrir le journal d’un amiral du 17ème siècle, Samuel Pepys qui il décrit des choses ordinaires pour lui mais qui nous sont inimaginables.
Il y a des tas de petites pensées qui la traversent et qui nous interpellent sinon en appellent d’autres, aussi personnelles, venant de nous. Des remarques. Et un chapitre très drôle consacré à la définition de l’art par des gens d’esprit.
Enfin (mais je résume, c’est plus riche que ça), un chapitre extraordinairement bien écrit sur les fameuses réunions interminables et inutiles dans les entreprises qui les prennent très au sérieux alors que finalement, ça ressemble plutôt à une mascarade. De son seul point de vue puisque les autres croient dur comme fer à leur importance.
Pour finir, sachez que Clémentine Mélois fait partie de l’Oulipo, quand même, qu’elle écrit beaucoup pour les enfants et qu’elle passe aussi à la radio. En tout cas, si vous devez faire un tout petit cadeau pas cher pour noël à quelqu’un qui aime la langue française, précipitez-vous sur ce petit poche !

Dehors, la tempête par Clémentine Mélois, 2020 chez Points. 6,30 €

Texte © dominique cozette

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial
Twitter