Comment Caryl Ferey fait ses romans.

C’est un excité hyperactif prêt à tout, un petit nerveux sans concessions, un acharné du mot fort, un addict à la chose écrite. Dans Pourvu que ça brûle, Caryl Ferey nous raconte son parcours compliqué d’écrivain mais son obstination à faire ce métier et ne faire que ça. Les désillusions, les rencontres foireuses, les galères mais surtout les voyages qu’il a faits pour rencontrer / découvrir / créer ses personnages. Des monstres souvent, des icônes absolues, des trashmen violentissimes, des séductrices irrésistibles… Je ne sais pas si vous avez lu un de ses romans, Zulu, Mapuche, Condor … mais ils sont extrêmes, parfois écœurants de brutalité et de cruauté. D’une force inouïe, c’est sûr. Et c’est dans les bas-fonds de pays touristiques ou pas qu’il trouve l’inspiration. Il s’y rend avec des potes souvent peu recommandables et ensemble, ils se prêtent à toutes les expériences qu’on leur propose. Evidemment, les nuits sont fauves et les matins féroces. Mais c’est comme ça qu’il procède. Il prend des notes de tout, les lieux, les personnages, les mots, et les cuisine à sa sauce qui peut venir de Nouvelle-Zélande, d’Australie, de Jordanie ou de divers pays des deux Amérique.
Il a aussi raconté un chapitre bling-bling totalement décalé, à Cannes où il monte les marches car un de ses bouquins est devenu film et clôt le Festival,  je parle de Zulu avec Forrest Whitaker, rien que ça ! Le gag lorsqu’il doit se trouver un smoke (il est tout petit et se trouve ridicule)…
Sa vie privée, on ne sait pas trop. On apprend au détour d’une phrase qu’il a un gosse, que sa copine fait le circuit avec ses potes, qu’il pleure devant la souffrance animale mais rien de plus. Ce n’est pas le propos. Le propos c’est y aller, pourvu que ça brûle. Fort.

Pourvu que ça brûle de Caryl Ferey. 2017 chez Albin Michel. 300 pages, 20 €.

Texte © dominique cozette

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