Pour une fois, je ne parlerai pas d’un livre parce que l’aimé, mais parce qu’il m’a étonnée d’une drôe de façon. Il s’appelle Trouville Casino et relate, si on peut dire, le braquage du Casino de Trouville par un pépé de 75 ans, un type tout ce qu’il y a plus ordinaire, sage et banal. C’était en 2011, durant l’été. Sans maquiller la plaque de sa modeste caisse, armé d’un petit pétard dont il ne s’est peut-être jamais servi, il s’empare de quelque milliers d’euros, tire sur un policier qui avait son gilet para-balle, s’enfuit, re-tire sur un policier à un barrage, prend un otage et sa voiture (l’otage saute et s’enfuit) puis, à un autre barrage, tire à nouveau. Mais il reçoit deux balles, et il mourra.
A partir de ce maigre argument, réel, Christine Montalbetti va écrire un truc qui n’est ni une fiction, ni l’histoire de cet homme. A part la reconstitution précise, à l’heure près, des fait, elle invente le reste. Mais elle nous en informe. Elle nous dit qu’à chaque fois, c’est ce qu’elle imagine. Sa rencontre avec sa compagne, l’emménagement dans la maison de celle-ci, dans l’Orne, où rien ne lui appartient, la pêche, les visites au Casino pour jouer etc…
On a vraiment l’impression qu’elle fait du remplissage. Ce n’est pas désagréable, certes, mais c’est curieux. Ce n’est pas non plus très palpitant. Elle raconte ce que pouvait être ce petit village, avant notre ère. Puis au moyen âge. Elle imagine comment ça serait d’aller dans le petit salon de coiffure, elle invente des animaux dans la maison, des insomnies, elle raconte le lac Léman parce que quelqu’un du village est allé en Suisse, etc. A la toute fin, pour ne pas finir trop vite sur le dénouement, elle décrit diverses choses, dont le camping du golf etc…
« Je vous en supplie, n’écrivez pas sur vos blogs qu’il est dommage que je digresse. » supplie -t-elle quelque part, car elle est comme ça, c’est sa façon d’écrire. Bon, voilà. Au début, je me disais que ça fait comme des vacances mais moi qui suis impatiente souvent et pragmatique toujours, ça finit par me lasser. On peut aimer. Donc, si leur cœur vous en dit…
Trouville Casino de Christiane Montalbetti. 2018 chez le regretté P.O.L
Texte © dominique cozette