Deux Deborah Levy d'un coup

Les petits livres de Déborah Levy, je les ai découverts récemment et je m’en régale. Après l’article que j’ai fait sur le tome 2 de ses mémoires, Le coût de la vie (lire ici), je vous soumets un léger compte-rendu du tome 1 et un roman Sous l’eau. Pourquoi ? Parce que je n’ai pas eu le temps de le faire avant, tout simplement. Et je n’ai pas trop de temps pour développer.
Donc le premier tome de ses mémoires qui s’intitule Ce que je ne veux pas savoir (pas est en italique), parle de son enfance, lorsqu’elle vivait en Afrique du Sud, à Johannesburg précisément, sous l’apartheid, lorsque son père a été enlevé par une police très dure, qui torture et tue, et surtout ne donne pas de nouvelles. C’était le jour où il avait exceptionnellement neigé et que son père et elle avaient construit un bonhomme de neige. Ce dernier restera le symbole de la violence de cette disparition. Elles fuient dans un premier temps à Majorque, pour quelques années puis s’installent en Angleterre. Ce livre n’est pas stricto sensu une autobiographie car il relate surtout de nombreuses anecdotes qui ont émaillé la vie de l’autrice. Ça commence par des larmes qui surgissent systématiquement lorsqu’elle emprunte un escalator. Un jour, elle décide de retrouver le modeste hôtel de Palma qui les accueillit jadis car elle a besoin de retrouver cette solitude pour y confier ses histoires. Ses anecdotes qui sont parfois étranges et toujours originales. (Pardon pour ce manque de détails, mais le livre est vraiment super intéressant).
L’autre livre, Sous l’eau, est un petit roman dont l’histoire se situe à Nice, une sorte de huis-clos dans une villa très chic qu’ont louée des Anglais, dont le pater familias est un homme de lettres célèbre, afin d’y passer des vacances. La première chose qu’ils voient, dans le jardin, c’est un corps qui flotte dans l’eau verte de la piscine. Ce corps appartient à une sorte de foldingue très souvent nue, souffrant de bipolarité. Elle se trouve là pour rencontrer le grand poète anglais qu’elle idolâtre et dont elle veut absolument qu’il lise son poème. L’homme recule devant la demande mais pas devant le charme de la demoiselle. Elle s’appelle Betty Finch, sort avec l’espèce de gardien à dreadlocks, et se dit botaniste. Beaucoup de personnages excentriques dans cette histoire, un barman sosie parfait de Mick Jagger qui ne pense qu’à lui sauter dessus, une ado de quatorze ans qui dort parfois avec elle dans une chambre sans fenêtre et très sale, un couple équivoque etc…
Très plaisant à lire avec ces caractères louches et inquiétants.

Sous l’eau de Deborah Levy, 2011 (Titre original Swimming Home), préfacé par Chantal Thomas, traduit par Pierre Ménard. Chez Points. 190 p., 6,80 €.

Ce que je ne veux pas savoir, 2020 (Titre original Things I don’t want to know), traduit par Céline Leroy. Editions du Sous-sol. 138 p., 16,50 €.

Texte © dominique cozette

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